Clint Eastwood et le "j'accuse" de droite

  • Clint Eastwood

Surprenante polémique en France sur le discours de Clint Eastwood lors de la Convention républicaine.

Tout d'abord, le contenu même est rarement traduit, ce qui signifie qu'il est demandé aux citoyens français de croire "sur parole" les commentaires journalistiques.

Ensuite, parce que sur le fond le discours prononcé est dans la droite ligne de l'individualisme républicain comme socle des libertés publiques à l'exemple des extraits suivants :

" Je sais ce que vous pensez : il n’y a que des gauchistes à Hollywood. Et bien non, il y a aussi des conservateurs », a-t-il lancé en introduction.

Puis, il a simulé la présence du Président Obama assis à côté de lui sur une chaise. Il se rappelle son élection il y a quatre ans :

« On parlait du “Yes we can”, tout le monde pleurait, allumait des bougies, même moi je pleurais.

Et finalement, je pleure encore plus fort quand je réalise qu’il y a 23 millions de chômeurs dans ce pays. Ça, c’est une bonne raison de pleurer. L’administration n’en a pas fait assez pour changer ça. Et je me dis que maintenant, il est temps de faire venir quelqu’un de neuf pour régler ce problème. »

Puis il s’est tourné vers la chaise vide, et s’est livré à un numéro d’acteur qui a pu sembler un peu trop improvisé :

« Alors monsieur Obama, que répondez-vous aux gens qui se demandent pourquoi vous n’avez pas tenu vos promesses ?
– ...
– Comment ça “Taisez-vous” ? »

« Quand quelqu’un ne fait pas le travail, qu’il s’en aille »

Il a aussi fait la promo du ticket républicain :

« J’ai toujours pensé que ce n’était pas une bonne idée que les avocats soient au pouvoir. Ils sont si occupés qu’ils discutent de tout, pèsent le pour et le contre. Il est peut-être temps de passer aux hommes d’affaires. »

La conclusion a galvanisé la salle :

« Je voulais vous dire : ce pays nous appartient, il n’appartient pas aux politiques, ils ne sont que nos employés.

Quand quelqu’un ne fait pas le travail, qu’il s’en aille."

Un discours qui est dans la droite ligne des interventions de l'époque de Reagan.

Enfin, sur la mise en scène de la chaise vide, là encore, c'est une logique assez classique dans les discours républicains pour démontrer que le "fauteuil de la Maison Blanche" n'est pas occupé comme il devrait l'être.

En réalité, en reprenant des thèmes et des attitudes des "années Reagan", Clint Eastwood a cassé les codes modernes dont une tonalité considérablement plus nuancée au sein même du discours républicain de la part de ses élus. D'où le choc en dressant une forme de "j'accuse" mais de ... droite.

  • Publié le 1 septembre 2012

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