Bernard Arnault ou la question de la limite de la "fiscalité supportable"

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Bernard Arnault conçoit son "métier" et son talent comme la capacité à penser plusieurs coups à l'avance.

C'est d'ailleurs ce qui a fait sa réussite dans les conditions de dépeçage des actifs Boussac puis des OPA pour constituer LVMH dans les années 80.

Par sa décision d'acquérir la nationalité belge, il passe un message simple à l'opinion et "au marché" des autres entrepreneurs : son anticipation d'un dispositif durable de hausses de prélèvements publics obligatoires en France.

C'est le message qu'il donne à "tout le marché" derrière la fumée des mots officiels utilisés.

La procédure engagée par Bernard Arnault pour acquérir la nationalité belge impose en effet d'abord un préalable. Il faut sortir du débat sur la raison. Il ne s'agirait pas de quitter la France pour des raisons fiscales mais pour un autre motif. C'est un débat nul : l'évasion fiscale est un délit. Par conséquent, Bernard Arnault ne va pas faire un communiqué pour ... revendiquer un délit.

Son acte repose sur un constat simple : toute action humaine répond à un moteur. C'est ce moteur qui change selon les individus : argent, pouvoir, reconnaissance, notoriété, passion, service d'autrui ...

Aucun individu ne fait quelque chose pour rien. C'est d'ailleurs ce qui est le plus intéressant que de détecter ce moteur par individu, ce qui permet ensuite de mieux prévoir les réactions possibles.

L'argent est le moteur pour une forte majorité. Par conséquent, travailler avec pour perspective de gagner moins notamment pour cause d'une fiscalité dissuasive amène des réactions de défense.

Bernard Arnault a la possibilité d'organiser un nomadisme fiscal. Pour d'autres contribuables, ce nomadisme est difficile voire impossible. Leurs réactions seront donc autres.

Les 20 milliards d'impôts de plus annoncés ce soir par Hollande ne vont pas passer comme "une lettre à la poste". C'est la faute de trop !

Hollande devait organiser le "régime" sur les dépenses inutiles : supprimer les fromages de la République, changer des méthodes de fonctionnement ... Loin de cette nécessité, il va recourir au "prélever toujours plus" et Arnault ne fait qu'annoncer, chacun à sa manière, le début de la révolte contre une fiscalité insupportable.

Une fiscalité d'autant plus insupportable qu'en 2013 la France sera aussi le 1er pays le plus endetté de la zone euro.

Hollande se comporte de façon trop prévisible. C'est le notable provincial qui applique à la France les "recettes" de gestion locale qui ont fait des collectivités locales françaises un fardeau de fiscalité et d'endettement. Cette situation ne sera plus durablement acceptée par les classes moyennes tout particulièrement. Le jour où les classes moyennes engageront la révolte, la médiatisation de la décision de Bernard Arnault apparaîtra bien dérisoire en comparaison.

Source: journaldunet.com via Xav on Pinterest

  • Publié le 9 septembre 2012

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