L'UMP face au défi de véritables primaires

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  • Jean Francois Cope

La course à la Présidentielle 2012 a marqué un tournant en matière de sélection des candidatures à une élection suite au succès des primaires au sein du PS.

Deux modifications majeures sont intervenues dans l’ensemble de la vie publique française.

D’une part, une multiplication sans précédent des « candidatures à la candidature ». Les filtres traditionnels sont dépassés. Même la position d’élu sortant n’assure plus le renouvellement automatique d’investiture.

D’autre part, l’accélération du démarrage du « temps de campagne électorale ». Ce second effet est étroitement lié au premier. Puisqu’il y a une pré-campagne électorale (investiture), le calendrier traditionnel est fondamentalement modifié.

La présidentielle 2012 a institutionnalisé un nouveau « temps de campagne électorale » avec de nouvelles caractéristiques. C’est une modification majeure dans la vie publique française.

Primaires internes ou 1er tour de scrutin ?

La multiplication des candidatures à la candidature est un phénomène nouveau mais incontournable. Il traduit l’éclatement des groupes de la société comme la décroissance de l’autorité des partis politiques. Cette concurrence doit trouver des moyens de régulation. S’en remettre au 1er tour de scrutin, c’est prendre le risque d’un éclatement des candidatures de nature à faire peser des inconnues majeures sur la vraie représentativité des candidats au second tour.

En avril 2002, la gauche a subi les conséquences directes de la multiplication de son « offre ». Cela s’est traduit par son absence au second tour. Le 1er tour est certes un enjeu de sélection mais encore faut-il que cette sélection intervienne sur des bases rationnelles ne faussant pas les critères de présence au second tour.

Par conséquent, face à cette nouvelle donne, la vie publique française n’a encore aucune procédure fiable de sélection des candidats dans ce cadre.

La vraie fonction du candidat

Second enjeu : le candidat doit désormais affronter deux étapes successives avec des logiques distinctes voire opposées. Dans un 1er temps, pour faire la différence au sein de son parti, il doit pratiquer un discours assez « intégriste » pour séduire les militants. Dans un second temps, il doit chercher à rassembler le plus largement possible. Ces deux étapes vont de plus en plus produire des contradictions redoutables à gérer. Les « effets de campagne » à usage interne au parti risquent d’être des boulets pour le passage devant le suffrage universel. Il y là un problème neuf et majeur de communication.

Le candidat qui participe dans l’objectif de gagner l’élection ultime doit résoudre l’équation suivante : que les conditions de victoire de la primaire dans son camp politique ne soient pas de nature à marquer son profil au point de l’handicaper pour la victoire finale.

Sous ces deux aspects (modalités concrètes de désignation comme conciliation d’objectifs différents), la vie publique française entame une réelle nouvelle étape de son fonctionnement.

Quelles modalités pratiques ?

Le dispositif pratique le plus proche des mécanismes déjà en vigueur à l’étranger est le suivant.
Il s’agit de réguler 5 temps différents :
- le dépôt des candidatures,
- l’installation d’une instance d’organisation,
- l’organisation du débat des primaires,
- le financement des campagnes des primaires,
- l’organisation des opérations de vote.

Dans les pays étrangers ayant déjà mis en œuvre des processus de ce type, les conditions d’éligibilité aux primaires sont généralement sur la base de trois critères :
- un critère d’âge : est retenu le niveau d’âge identique à celui des conditions légales pour l’élection en question,
- un critère de calendrier qui consiste à fixer une date limite pour formaliser le dépôt,
- un critère de parrainage : nombre et qualité de personnes qui doivent « parrainer » la candidature en question. Il est certain que ce chiffre doit varier en fonction des géographies électorales concernées. Le rôle de ce critère consiste exclusivement à éviter la démultiplication des candidatures qui handicaperait la qualité d’organisation des débats entre les « candidats à la candidature ».

Généralement, la préférence est donnée au nombre sur les conditions d’appartenance à un parti. Il vaut mieux retenir la qualité d’électeur et exiger un plus grand nombre de « parrains » que celle d’adhérent à un parti et un nombre moins élevé.

Seconde étape : l’installation d’une instance d’organisation. Cette instance a trois fonctions :
- enregistrer et agréer les candidatures en veillant au respect des critères techniques de recevabilité des candidatures dont le nombre de parrains,
- assurer l’égalité des candidats lors du déroulement des débats des primaires dont les moyens financiers forfaitisés de base alloués aux candidats,
- assurer la régularité des scrutins de vote.

Troisième étape : l’organisation du débat entre les candidats aux primaires. Le rôle principal des primaires consiste à créer entre le candidat et le citoyen de base un contact personnel et direct qui fonde le soutien loyal ultérieur donné par le parti. Par conséquent, tout ce qui renforce la possibilité de tisser ce contact direct est retenu. Les débats contradictoires entre tous les candidats sont très nombreux. Ce processus contient en lui un dispositif d’élimination progressive.

Le processus des primaires porte en lui un dispositif d’élimination progressive. Un candidat manifestement mis à mal lors de débats publics aura du mal à rester en course.

Quatrième étape : le financement des campagnes.

Le dépôt des candidatures validées par le franchissement du seuil de parrainages donne classiquement accès à une dotation financière de base. L’obtention du nombre des parrainages traduit la reconnaissance que le candidat en question représente un courant d’opinion qui a droit d’expression et qui, par voie de conséquence, doit être reconnu et respecté.

Cinquième étape : l’organisation des opérations de vote.

Il s’agit d’aller vers un échantillon électoral qui offre la garantie la plus sérieuse de représentativité des personnes appelées à s’exprimer. L’un des facteurs le plus simple consiste souvent à ouvrir le scrutin à tous les électeurs qui se considèrent proche du parti politique en question et qui souhaitent s’investir dans ce processus de sélection.

Ainsi, aux Etats-Unis d’Amérique, il importe d’être électeur localisé dans la géographie électorale concernée et se reconnaître proche de la sensibilité démocrate ou républicaine pour participer aux opérations de vote de l’un ou de l’autre des partis.

Sur de nombreux critères techniques, les primaires de l'UMP s'éloignent de cette culture de compétition ouverte, déployée dans la durée.

Il s'agit davantage d'un duel que d'une primaire. C'est une étape vers la primaire mais sans en être une véritablement.

  • Publié le 18 septembre 2012

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