François Hollande face à une crise de régime

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La notion de crise est familière à la nature humaine. Tout notre fonctionnement collectif vise à prévenir les crises, les circonscrire, les maîtriser, les surmonter.

Ce sont des périodes où l’ordinaire cède le pas à l’exceptionnel. Depuis quelques semaines, la France est-elle entrée en vraie période de crise avec cette chute inédite de confiance frappant l'exécutif ? Si oui, est-ce bien la crise dont on parle ces derniers jours ?

La vraie crise est d’abord celle d’une fracture entre le nouveau pouvoir et une partie croissante du peuple qui ne reconnaît pas la "légitimité" d’un pouvoir qui ne respecte pas ses engagements.

Il suffit d’entendre les discours des uns et des autres pour juger de l’ampleur du fossé.

La vraie crise est là.

Quand le débat porte sur de telles fractures, ce n’est plus une crise dans le régime mais une crise de régime.

Cette gravité se manifeste par la répétition des crises au point que tout paraît désormais en crise : économie, sécurité, identité ...

Les sujets de crises potentielles sont nombreux :

- financière avec le poids de la dette publique que l’opinion se refuse pour l’instant toujours à intégrer concrètement,

- économique car la mondialisation n’est pas seulement porteuse de précarité. Elle va entraîner aussi une redoutable paupérisation pour de nombreuses classes sociales désormais concurrencées dans leurs fonctions par des rivaux aux coûts incomparables,

- de représentation politique avec des extrêmes qui ont poussé de façon inédite pour représenter 25 % du corps électoral exprimé en mai 2012,

- internationale avec les foyers des "printemps arabes" tout particulièrement,
...

Toutes ces formes de crises reposent sur une crise plus grave qui est celle de la représentation politique qui connaît depuis 30 ans une crise permanente qui s’est dangereusement amplifiée :

- crise de la participation avec une poussée significative des abstentions,

- perte de crédibilité du Parlement sans vrai pouvoir,

- crise des partis politiques qui ne recrutent plus,

- banalisation des scandales avec un sentiment croissant d’irresponsabilité,

- érosion considérable de la vraie assiette politique de chaque pouvoir qui au 1er tour représente désormais moins d’un cinquième des suffrages exprimés,

- une présidentialisation du régime conduisant à une concentration considérable des pouvoirs comme si tout ne pouvait que dépendre de l'Elysée.

La France ne peut plus ignorer durablement ces réalités. La IV ème République est morte de l’instabilité gouvernementale. Les Institutions de la Vème République furent alors présentées comme « l’action dans la démocratie ». Qui peut encore parler d’action voire même de « démocratie moderne » ?

C’est bien une crise de régime qui est désormais traversée par notre pays.

François Hollande se retrouve au coeur de toutes ces crises en même temps pour avoir esquivé pendant la présidentielle les vrais sujets donc la pédagogie nécessaire pour préparer l'opinion à des évolutions incontournables.

C'est bien une crise de régime qui est désormais ouverte.

Pour suivre l'actualité de la présidentielle US 2012 : J - 37 : décision2012

  • Publié le 30 septembre 2012

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