J - 28 : Elections US : le retour aux fondamentaux

  • Elections Américaines

Une campagne à l'américaine c’est :

- la personnalisation de la campagne,

- l'absence quasi totale de références idéologiques,

- l'absence aussi totale d'adhésion claire à un parti.


Dans ce contexte, le parti d’appartenance occupe le créneau de la référence de la «petite musique de fond». Mais le candidat sur le terrain joue toute la partition.

Sur le plan fédéral, dès le début des années 80, le parti républicain a pris une avance significative pour créer «cette musique de fond».

En réalité, son avance a reposé sur trois socles :

- tout d'abord la victoire sur les valeurs de base,

- ensuite la mise en place de « pompes à idées » (les groupes de réflexion dits think tanks) qui ont alimenté en permanence les réflexions sur des bases favorables à l'approche républicaine,

- et surtout grâce à l'informatisation, des avancées considérables ont été conduites en matière de segmentation des cibles.

Dans ce contexte général, le parti républicain a eu le génie de crédibiliser l’idée selon laquelle ce ne sont jamais les mêmes conservateurs qui se succèdent. Ce faisant, il a ouvert le jeu de l’alternance à l’intérieur même de son propre parti.

A l’intérieur de ce contexte, deux grandes idées s’imposent :

- d'une part le combat politique se perd ou se gagne sur les terrains des idées,

- d'autre part les campagnes se perdent ou se gagnent selon l'importance des moyens financiers qui conditionnent la qualité de la campagne.

Le premier socle est un appel à à l'humilité des candidats placés dans une logique d’accompagnement des tendances lourdes de l’opinion.

Le second socle, c’est la clef des réussites. Sans argent, sans fichiers informatiques, sans équipe de campagne …: la campagne disparaît.

Bien davantage, plus les électorats sont segmentés, plus ils sont indécis, plus les frais de campagne s’élèvent.

La collecte des fonds repose sur des messages ciblés avec un contenu émotionnel.

La brièveté du message conditionne son efficacité. C’est l’ensemble des techniques managériales de la libre entreprise qui envahit l’organisation d’une campagne politique.

Dans cette technique, la prime va aux fondamentaux (back to basics) :
- le produit donc le candidat,
- le marché donc les segments électoraux clefs qui feront la décision.

La gauche libérale américaine avait lié son essor à l’ère des masses. Or, il n’y a plus de masse. Il n’y a donc plus de solution globale.

Par conséquent, l’actuel budget de campagne est d’abord vampirisé par les analyses de segments d’opinions et l’achat des fichiers segmentés.

La renaissance de l’individualisme fait exploser les comptes des campagnes. 2 millions de dollars sont le budget minimal pour une élection de «seconde division».

C’est dire que la gestion de la collecte des fonds devient «l’impôt volontaire citoyen» toujours appelé à battre des records pour suivre une société de plus en plus complexe.

Ces fondamentaux favorisent les républicains dans l'Amérique "profonde". En effet, il n'y a pas une seule Amérique mais une réelle rupture entre l'Amérique du centre et celle des rivages.

Les actuels scores montrent que ces tendances lourdes sont toujours dominantes.

2008 avait été une élection hors de l'ordinaire compte tenu du rejet de GW Bush.

Celle de 2012 revient sur les fondamentaux. La victoire de Barack Obama relèvera de l'exploit. Il serait d'ailleurs le premier leader occidental à ne pas être emporté par la crise.

  • Publié le 9 octobre 2012

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