J - 24 : Elections US : un esprit de campagne non transposable en France

  • Elections Américaines

A chaque campagne électorale, il faut :
- un premier et un dernier jours,
- un premier et un dernier messages,
- une première et une dernière images.

En 2008, le premier jour pour Barack Obama a été sa déclaration officielle de candidature sur la base de celui «qui se lève tôt» c'est-à-dire qui sait qu’il est peu connu et qu’il lui faudra donc du temps pour gagner la notoriété nécessaire. Il est donc parti avant les autres.

Son premier message a été celui du changement.

Sa première image a été celle de la nouveauté : la première candidature d’un Sénateur métissé ne s’engageant pas pour une candidature de témoignage mais défendant sa chance réelle de victoire.

Ces trois repères montraient l’immensité des défis.

Une immensité d’autant plus grande qu’il fallait compter avec la concurrence d’une ex-First Lady et le «passif» d’une expérience limitée à l’exercice d’un mandat de Sénateur pendant … 3 ans.

Et pourtant, le chemin de la victoire s’est ouvert.

Il s’est ouvert parce que la campagne présidentielle Américaine est marquée par deux caractéristiques :

- une rencontre avec le peuple,

- dans une ambiance optimiste marquée par le changement possible.

Une présidentielle Américaine, c’est en effet d’abord un voyage dans l’Amérique profonde pour rencontrer les citoyens dans un contact direct, physique, charnel.

Lors de la présidentielle, le citoyen devient un acteur très impliqué dans le processus de décision.

Dans ce contexte, intervient un second volet qui est celui du changement. Chaque présidentielle se joue sur ce thème depuis le «New Deal» de Roosevelt à «América is back» de Reagan en passant par la «Nouvelle frontière» de Kennedy ou la moins célèbre «Grande Société» de Johnson.

La présidentielle est le révélateur et l’accélérateur du changement.

Ce sont ces deux critères qui rendent possible une percée comme celle de Barack Obama et qui la rendent difficile voire impossible en France.

Là où le candidat Américain doit être le candidat du peuple, le candidat Français est d’abord celui de la «puissance publique».

La représentation du peuple semble réservée en France à des candidats protestataires, marginaux. Parce qu’il est le représentant de la puissance publique, le candidat Français a dû vivre un long parcours d’exercice de responsabilités publiques. Ce parcours est une barrière structurante à l’éclosion immédiate de nouveaux talents. La vie politique Française suppose de s’endurcir sous le joug de l’expérience des responsabilités.

Seconde différence, une présidentielle Française n’est pas un voyage pour rencontrer les citoyens «au coin de la rue». Elle reste d’abord une relation avec des corps intermédiaires très bien organisés.

La « rencontre » avec les citoyens intervient soit lors de grands meetings qui ne permettent pas des contacts directs soit lors d’émissions télévisées qui reposent sur des échantillons filtrés avec une expression encadrée par des considérations formelles très contraignantes.

Enfin, l’ambiance n’est pas à l’optimisme du neuf mais à la défense des «droits acquis».

Pour toutes ces raisons, ce sont donc deux cultures totalement différentes, pour ne pas dire opposées, qui interviennent.

La France peut s’enthousiasmer pour Obama mais son cadre institutionnel comme sa culture politique ne permettent pas un tel parcours sur son sol.

Ce sont bien deux logiques très différentes de pouvoir, depuis la désignation jusqu’à l’exercice.

Très peu de repères US sont transposables en France.

Pour suivre l'actualité de la présidentielle US 2012 : J - 24 : décision2012

  • Publié le 13 octobre 2012

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