Le thème du changement (Edito 09)

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Les prochaines échéances électorales françaises vont s'inscrire dans un double débat : la reconstruction d'un "modèle français" et la portée du "changement".

Ces deux dossiers ne sont que les deux volets complémentaires de la bataille de l'avenir qui marquera les prochaines campagnes électorales nationales et locales.

La bataille de l'avenir

La société française est traversée par deux courants contraires. D'un côté, elle aspire au changement pour diverses raisons. Mais, d'un autre côté, elle a une relation anxiogène avec ce thème de changement.

Or justement, l'une des priorités de la période présente consiste à faire disparaître ou pour le moins atténuer cette tendance anxiogène de la société française. Tant que ce réflexe demeurera aussi fort, il entraînera des replis sur soi destructeurs de toute réforme.

La bataille de l'avenir sera décisive. C'est d'abord une bataille de projets. Cette bataille va présenter de nouvelles caractéristiques tant sur la forme que sur le fond.

Sur la forme, tout d'abord, elle sera plus personnalisée que jamais. Le talent de leader du candidat s'avèrera déterminant.

Ensuite, elle sera plus émotionnelle que d'ordinaire. Cette évolution signifie quoi ? Les critères rationnels de différenciation perdent de l'influence. Des émotions subconscientes vont emporter la décision ; d'où le poids déterminant des images. L'exemple le plus caricatural dans l'actualité française est l'évolution de l'image de Dominique de Villepin après le "tournant" de La Baule. Le bain et le jogging ont changé son image dans le public. Il s'agit d'une réaction purement émotionnelle.

Enfin, la troisième nouvelle caractéristique concerne le besoin de réconciliation entre les élus et les citoyens (cf sondage CSA pages actu.). Cette caractéristique entraîne l'émergence d'un nouveau code de comportements et d'expression.

Sur le fond, cette bataille de l'avenir doit apporter des réponses à deux questions majeures :

1) la modernité peut-elle être synonyme de progrès ?

2) La modernité n'est-elle pas synonyme de précarité généralisée ?

La définition d'un nouveau contenu à la notion de modernité

Depuis le début des années 90, on assiste à une relation très différente avec le thème de la modernité. Pendant des décennies, la modernité était la garantie d'évoluer vers le meilleur. Ce n'est désormais plus le cas. Bien davantage, c'est presque l'assurance d'évoluer vers le pire ; d'où l'émergence d'une forte résistance à la modernité.

La réforme suppose de réconcilier les Français avec la modernité.

Le levier de cette réconciliation réside dans la réaffirmation que la modernité n'est pas la précarité généralisée. L'opinion publique a aujourd'hui le sentiment que dans l'échelle des risques tous les "périls" ont gagné en gravité.

Dans le même temps, face à des risques plus graves, plus imprévisibles voire même plus inconnus, le filet social est de moins en moins solide.

C'est ce rapport entre l'aggravation des risques et la solitude individuelle qui crée des réflexes anxiogènes.

Le changement ne redeviendra acceptable que s'il signifie moins de risque individuel face à des règles sociales plus claires.

Si le changement s'identifie à cette évolution, il deviendra acceptable. S'il s'éloigne de ces repères, il sera trop craint pour être accepté.

La bataille du bilan

Changer, ce n'est pas seulement parler que de l'avenir. C'est aussi livrer la bataille du bilan. Cette bataille concerne bien entendu celles et ceux qui ont exercé le pouvoir.

Elle concerne aussi ceux qui ont été dans l'opposition :

Pourquoi n'ont-ils pas effectué davantage de propositions ?

Pourquoi ont-ils voté avec la majorité tant de délibérations ?

Pourquoi présentent-ils désormais telle proposition qu'ils ont refusé hier ?

Enfin, parce que les élus ne sont plus considérés comme crédibles pour décider seuls des grands choix de l'avenir, les citoyens aspirent à être plus souvent consultés. Ils se positionnent de plus en plus souvent en contre-pouvoir permanent de leurs propres représentants. Changer, c'est aussi apparaître le facteur d'une réappropriation du pouvoir par les citoyens. Sous ces nouveaux visages, le changement redeviendra séducteur.

  • Publié le 11 octobre 2005

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