Les élections et l'action gouvernementale (Edito 16)

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Après le congrès du Mans, le Parti Socialiste réorganise sa direction et ouvre les négociations pour l'élaboration d'un "contrat de gouvernement" susceptible d'entrer en application pour les échéances électorales de 2007.

La démarche est conforme aux étapes les plus traditionnelles pratiquées par le passé :
- désignation d'un "chargé du projet",
- appel aux rencontres entre les composantes habituelles de "l'union de la gauche" ou de "la gauche plurielle".

Cette phase doit être bouclée pour mai 2006. Le PS ouvrira alors l'étape de désignation de son candidat pour les élections présidentielles.

Cette procédure est à l'opposé de celle suivie par l'UMP. Là, un candidat pour les prochaines élections présidentielles est déjà manifestement déclaré. Il passe des messages clairs à l'opinion sur des sujets d'actualité et des priorités quotidiennes.

Si ces deux partis politiques centraux de la vie politique française restent ainsi sur des logiques aussi caricaturalement différentes et chacune représentative de deux âges distincts de la communication publique ; l'élection présidentielle du printemps 2007 deviendra un cas d'école pour juger du degré de modernité de l'opinion publique française.

Dans quel cadre de communication acceptera-t-elle de se placer ?

Sera-t-elle fidèle aux approches anciennes ou fera-t-elle le pas vers une approche nouvelle comparable à celle d'autres démocraties avancées ?

Les tournants d'âges de communication se produisent de façon parfois brutale mais surtout inattendue induisant des secousses profondes.

Ce fut le cas en 1965. L' élection présidentielle a marqué l'émergence de la télévision. Elle désacralisa le pouvoir présidentiel jusqu'alors magnifié par la place de l'imaginaire laissée par la radio. Elle assura l'éclosion immédiate de nouveaux talents dont Jean Lecanuet et François Mitterrand. Le résultat : un ballottage qui était totalement inattendu et imprévu.

Second tournant : 1974. Lors de cette élection, Valery Giscard d'Estaing met en place une 1ère campagne "people" avec l'exposition inhabituelle à cette époque de l'épouse comme des enfants de l'un des candidats. C'est aussi une campagne qui, par la médiatisation croissante, fait la décision. Elle marque une inversion des tendances entre les intentions de votes de départ de Jacques Chaban Delmas et de Valéry Giscard d'Estaing par rapport aux résultats d'arrivée. Si la campagne de 1965 désacralisait, celle de 1974 fait la différence. Il en fut de même en 1981. Les campagnes de 1988 puis 1995 vont confirmer leurs espaces de décisions avec l'amplification de questions purement d'actualité. Il en fut de même en 2002 qui s'est avérée une campagne sans spécificité novatrice.
Le résultat de Lionel Jospin en avril 2002 est certes le fruit de l'éclatement des "paroles de gauche" mais n'est-il pas aussi, pour une part au moins équivalente, le résultat des situations suivantes :

- une annonce de candidature particulièrement mal maîtrisée avec un fax envoyé à la sauvette et un candidat qui longe les murs en quittant son appartement,

- la mise en cause de l'âge du Président sortant dans des conditions qui ont pour premier effet de le dynamiser sur le plan personnel et de le rendre sympathique auprès de nombreuses couches électorales.

2007 sera peut-être un nouvel âge dans la communication publique française ?

Pour être fondatrice d'un nouvel âge, cela signifie qu'une nouvelle communication doit naître et doit rencontrer l'adhésion en profondeur des citoyens qui s'avèrent ainsi non seulement prêts mais surtout réceptifs à cette nouvelle façon de communiquer.

Si le PS reste sur son actuelle ligne stratégique, il va incarner de façon caricaturale la démarche classique d'un parti politique connue de 1981 à 2002.

Si l'UMP reste fidèle à ses dernières actions (conventions, clips, mailings..), son candidat va incarner un nouvel esprit de communication.
Dans un 1er temps, cette communication moderne sera qualifiée de "communication à l'américaine" comme ce fut le cas en 1965 pour les conseils de Michel Bongrand auprès de Jean Lecanuet ou ceux de Joseph Napolitan en 1974 auprès de VGE.

Mais, il y a un moment où le nom de baptême d'une technique de communication supposé la diaboliser par la qualification "à l'américaine" ne produit pas les effets négatifs attendus. Bien au contraire, les mots n'ont plus prise parce que cette communication était attendue par les récepteurs, correspond à leur nouvelle maturité.

Si c'est le cas, l'élection de 2007 risque de se jouer sur des dossiers bien éloignés du bilan gouvernemental.
Savoir parler aux citoyens n'est ce pas l'un des premiers talents de toute personne qui aspire à parler en leur nom ?

  • Publié le 29 novembre 2005

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