La sécurité (Edito 44)

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La question de la sécurité fait l'objet de nombreuses déclarations enflammées. A observer les commentaires sur les déclarations récentes de Ségolène Royal dans ce domaine, la sécurité "ferait l'élection" présidentielle de 2007. En réalité, l'étude attentive des dernières enquêtes apporte des précisions à la portée majeure.

Tout d'abord, la sécurité n'est pas la première priorité des Français. La dernière enquête réalisée par l'IFOP pour le tableau de bord politique de Paris Match (juin 2006) rappelle que l'attente des thèmes à aborder pour la prochaine élection présidentielle est la suivante :
- chômage : 34 %,
- protection sociale : 15 %,
- sécurité : 14 %,
- éducation : 14 %
- immigration : 11 %
- la place de la France dans le monde : 6 %.

Ce classement traduit une progression de la sécurité qui, en mai 2006, était devancée par les questions d'éducation. Cette évolution est probablement liée aux incidents de Montfermeil.

L'attente d'actions précises prioritaires en matière de sécurité correspond à un profil très précis :
- personnes âgées de plus de 65 ans,
- aux sensibilités partisanes fortement ancrées à droite.

De façon étonnante, cette attente arrive à égalité dans les espaces à dominante urbaine et dans les espaces à dominante rurale.

Ensuite, des faits majeurs symboliques d'atteintes graves au climat de sécurité sont-ils en tête des conversations des Français ?
La réponse est non. Les incidents à Montfermeil et Clichy sous Bois qui ont fait l'objet d'une forte couverture médiatique arrivent en 4ème position des conversations des Français.

Il est d'ailleurs très instructif de noter que le 1er sujet des conversations est un dossier sur lequel le Gouvernement ne communique aucunement : la hausse des prix des carburants et du gaz?

Là encore, dans l'examen détaillé du profil de ceux pour qui les incidents à Montfermeil sont une priorité des conversations, le profil est très caractéristiques :
- homme,
- de plus de 65 ans,
- plutôt faible niveau de qualification,
- ayant une préférence partisane à droite.

Troisième question : l'appréciation quant à l'évolution de la sécurité. A la question "selon vous l'insécurité a plutôt tendance à augmenter, à diminuer ou à rester stable" (enquête BVA pour Le Figaro 07/06/06), 45 % considèrent qu'elle a tendance à augmenter pour seulement 9 % à diminuer et 45 % à rester stable.
Par conséquent, même s'il importe de garder à l'esprit que 56 % des français considèrent que Nicolas Sarkozy "fait les bons choix", l'appréciation sur les résultats pratiques de "ces bons choix" demeure très mitigé.

Quatrième question : existe-t-il une seule politique pour lutter contre l'insécurité, bref pour résumer de façon simplifiée est-ce que Ségolène Royal = Nicolas Sarkozy ?
La réponse est non pour 46 % mais surtout pour 57 % des électeurs de gauche dont 58 % du PS.
Par conséquent, même quand Ségolène Royal effectue des propositions que la droite analyse comme un "ralliement", pour 57 % des électeurs de gauche, cet argument n'a pas prise. En réalité, cet argument tend plutôt à convaincre les électeurs de droite que les politiques seraient les mêmes? Ce qui signifie que quand la droite utilise cet argument, elle s'enlève un argument de différenciation à l'intérieur de son propre camp politique.

Enfin, la 1ère cause de l'augmentation d?insécurité est considérée comme étant "la dégradation des conditions de vie et l'augmentation de la pauvreté" (81 % sont d'accord avec cette analyse) alors même que l'appréciation que "l'insécurité est avant due au trop grand nombre d'immigrés en France" ne recueille que 31 % d'opinions favorables.

Tous ces repères permettent de beaucoup modérer certaines appréciations et parfois même de reconsidérer significativement la place du thème de la sécurité dans la prochaine élection présidentielle.

L'approche "sécuritaire" est loin d'être "la potion magique" d'un rassemblement national. L'opinion est considérablement plus contrastée.

  • Publié le 13 juin 2006

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