Les symboles français (02/02) (Edito 46)

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Par la bonne utilisation des symboles, un élu ou un candidat prouve qu'il est capable de "lire l'heure des citoyens" et qu'il vit au même rythme qu'eux. La première fonction du bon usage des symboles collectifs c'est ainsi de démontrer qu'il n'y a pas de décalage entre le détenteur d'un pouvoir et les citoyens. Par définition, cette "heure du citoyen" évolue.

Pour le moment, cette heure est aux tendances suivantes.

1) l'attente de lisibilité de l'avenir. L'avenir est trop inconnu pour rassurer. L' offre politique est très segmentée, éclatée apportant des réponses à portée limitée catégorielle. La prochaine présidentielle sera un temps privilégié, probablement unique, pour donner une grille globale de lecture de cet avenir collectif.

2) Face aux menaces de plus en plus redoutables et redoutées, il ne peut plus être seulement question de "rester en vie". Par conséquent, cette grille de lecture doit aussi, voire d'abord, être une nouvelle grille de sens avec des buts collectifs et des indicateurs individuels.

3) Parce que tout s'accélère et que cette accélération est perçue comme une menace, ce projet doit contenir de nouveaux espaces de "lenteur" qui seront perçus comme autant d'aménagements de protection.

4) La vitesse est désormais perçue comme l'expression de la compétition. Cette compétition qui peut tout remettre en question du "jour au lendemain". La vitesse et la compétition sont d'ailleurs moins compatibles avec les attentes d'une population qui vieillit. L'énergie sur le mode accéléré inquiétera de plus en plus. L'opinion attend de la lenteur sélective et de la constance.

5) Dans cet univers incertain et fragile, il faut inspirer une nouvelle confiance. Cette nouvelle confiance a deux visages principaux : la responsabilité et la respectabilité.

6) Pour gagner ces deux étapes de responsabilité et de respectabilité, il faut engager la bataille de la vérité. La vérité va opérer un retour en force considérable. C'est la fin de la période où l'on peut faire dire n'importe quoi aux chiffres. Les citoyens sont en recherche de repères solides au moment où les repères traditionnels ont perdu leur crédibilité. L'une des formules les plus communément utilisées est désormais celle qu'il "faut remettre d'aplomb". Cette notion dépasse largement la simple notion d'ordre. Tout se présente comme si l'opinion souhaitait se débarrasser du clinquant ou du choc pour évoluer vers une attention de raison porteuse de vérité.

Cette description des nouvelles tendances permet de mettre en relief des mots clefs structurant les nouveaux symboles qui doivent mobiliser les efforts de communication :
- lisibilité de l'avenir,
- sens des buts collectifs,
- méthode faite de lenteur et de constance,
- confiance à base de responsabilité et de respectabilité,
- expression de vérité.

Tout ce qui va à l'opposé de ces tendances prend le risque de ne pas rencontrer l'adhésion de l'opinion.

Avec cette grille de lecture, les enquêtes d'opinion offrent d'ailleurs des résultats d'une grande stabilité.

La percée de Ségolène Royal dans les sondages ne peut être déconnectée de ce "nouveau climat". De tous les candidats, elle est la première, voire peut-être la seule à ce jour, à respecter ce nouveau code de conduite. D'où son succès dans les intentions de votes.

Il est peu probable que "cette heure du citoyen" variera en profondeur dans les 12 prochains mois.

L'enjeu consiste donc pour les candidats à exprimer des symboles dans lesquels le citoyen retrouvera ces qualités attendues. Parce qu'alors candidat et citoyen vivent "à la même heure", l'adhésion devient possible.

  • Publié le 27 juin 2006

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