Municipales 2014 : les 10 questions clefs : (7/10) la gauche est-elle au bout de son voyage local ?

Depuis 1995, et a fortiori avec la vague forte de mars 2008, la gauche française a connu un long voyage local de pouvoir. Ce voyage correspondait à 3 tickets :

1) le ticket d'équilibre face à un pouvoir de droite. Les français confiaient le pouvoir d'Etat à la droite et ré-équilibraient en ancrant le local ... à gauche. S'ils ne voulaient plus d'une cohabitation au sein de l'exécutif, ils pratiquaient la cohabitation territoriale,

2) ce réflexe était "justifié" par une logique de protection assignée au local. L'Etat lointain pouvait conduire des réformes mais le local correspondait à la couette des services publics du quotidien supposés amortir les impacts des réformes nationales,

3) ce d'autant plus que le local était un socialisme gestionnaire d'inspiration social-démocrate où la bonne considération pragmatique des réalités était supposée dominer tout dogmatisme doctrinaire.

Tels ont été les trois socles des "réussites électorales locales" de la gauche.

Ces trois socles ont disparu.

Le pouvoir d'Etat est à gauche. Donc il n'est plus question de ré-équilibrer le national par le local.

La logique de protection portée par la dépense publique donc des impôts élevés est arrivée à son extrêmité. Une prise de conscience est intervenue : chaque impôt levé, c'est autant de moins pour le pouvoir d'achat individuel. La dépense publique n'est plus à la mode.

Les "gestionnaires" sont usés. Ils sont tous au plus "jeune" des sexagénaires. Des notables qui ont été dans l'incapacité de faire vivre la relève. Ils sont des cumulards qui ont étouffé les successeurs promis à un héritage toujours repoussé.

Par conséquent, sans ancrage solide, la gauche va vivre un échec certain lors des municipales de mars 2014 : une fin de cycle, le bout d'un long voyage de près de 20 ans, ce qui est une durée énorme dans une démocratie moderne.

La question n'est plus dans le rendez-vous avec l'échec national mais dans l'ampleur de cet échec.

Cette ampleur dépend de trois critères encore incertains :

1) Le positionnement du FN : à ce jour, il capitalise les votes protestataires. Le Front de Gauche et les Verts sont aspirés par une forme de solidarité gouvernementale. Par conséquent, le seul parti réellement perçu protestataire est le FN. Il devrait se situer en moyenne nationale vers les 16 %, ce qui est un score considérable au local. Si son objectif prioritaire est d'être le premier parti lors des Européennes (juin 2014), il ne doit pas être la "roue de secours" de la gauche au local, ce qui mécontenterait un électorat de droite très radicalisé. Comment le FN va-t-il sortir de sa logique jusqu'auboutiste lors des municipales pour ne pas compremettre des alternances à droite ?

2) Si le PS est impopulaire par ricochet de l'impopularité gouvernementale, aucune autre formation politique nationale n'a réussi un transfert de popularité. Par conséquent, quelle place sera reconnue par les formations politiques nationales d'opposition à des alliances locales sortant du seul choc frontal partisan national ?

3) Quel sera le plancher du PS au moment du vrai lancement des municipales 2014 ? Aujourd'hui la décote nationale moyenne est de 10 points. Est-ce le vrai plancher ? Si l'automne devait être marqué par une aggravation du chômage, par une réforme des retraites très sévère ... : jusqu'où peut aller le seuil de base du PS dans ce contexte ? Il importe de se rappeler qu'en juin 1994, le PS était descendu à 14, 5 % lors des européennes avec la liste conduite par Michel Rocard ...

Ce sont les réponses à ces trois dernières interrogations qui détermineront l'ampleur de la vague. En apparence, elle sera forte car le PS part de très haut avec les gains 2008. Dans la réalité, comme toujours, il sera nécessaire de dissocier trois blocs de villes : les plus de 100 000 habitants, les villes de 30 000 à 100 000 habitants, les moins de 30 000.

Ce sera l'ampleur des changements dans les moins de 30 000 habitants qui déteminera l'ampleur réelle d'une vraie vague bleue car d'ordinaire plus la Commune est de dimension démographique faible plus la seule vague politique nationale est amortie.

A contrario, si la vague impacte même le local de dimension démographique modérée, c'est que la crise est profonde, générale dans les plus petits coins de France.

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  • Publié le 14 août 2013

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