La candidature de Michèle Alliot Marie (Edito 61)

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L'arrivée de Michèle Alliot Marie dans la course présidentielle pose deux questions majeures :

- d'une part, incarne-t-elle au sein de l'UMP une sensibilité différente de celle de N. Sarkozy ?

- d'autre part, peut-elle disposer d'une marge de manoeuvre de nature à lui permettre, le cas échéant, d'aller jusqu'au premier tour de la Présidentielle ?

Historiquement, le parti gaulliste est l'incarnation du "courant bonapartiste" dans la vie politique française.

C'est un parti qui ne se veut ni de droite ni de gauche. Il veut dépasser ces classifications. Il veut réconcilier les Français avec l'avenir.

Cette sensibilité revendique l'héritage révolutionnaire et la légende napoléonienne.

Le gaullisme est la continuité de cette doctrine. Certes, le gaullisme est une philosophie politique indissociable de la personnalité même du Général de Gaulle mais la doctrine va au-delà.

Cette doctrine trouve ses éléments fondateurs dans des ouvrages majeurs :
- dans l'ouvrage "Vers l'armée de métier", se trouve exposée la conception du commandement ,
- dans les derniers chapitres du "Fil de l'épée", c'est le procès de la politique et l'affirmation du sens de l'Etat,
- enfin, dans l'ouvrage "La France et son armée", il y a le rappel que "l'histoire est la rencontre d'un évènement et d'une volonté".

Pour l'essentiel, cette doctrine est celle de la grandeur de la France, d'une République épurée et forte, de la rénovation des structures politiques avec un Chef d'Etat qui est "l'arbitre suprême", qui "a la confiance du pays et qui répond en dernier ressort de ce qu'il y a de permanent dans la vie de la France".

Cette démarche intellectuelle est à l'opposé de celle de la droite libérale souvent désignée par le mot d'orléanisme.

La droite libérale a pour repères essentiels deux valeurs :
- le contrat,
- le compromis.

Elle est d'une approche valorisante pour le système parlementaire qui est le lieu privilégié du compromis.

C'est une droite qui, sur le plan économique, est :
- protectrice de la propriété,
- favorable à l'initiative privée.

C'est l'éloge de la mesure et de la légalité. Cette présentation montre bien, si besoin était, que ces deux courants de pensées se retrouvent désormais au sein de l'UMP. Michèle Alliot Marie est un produit de l'approche bonapartiste tandis que Nicolas Sarkozy est plus proche de la doctrine libérale. Dernièrement, il modère certaines de ses déclarations désormais davantage teintées de connotations gaullistes. Mais sa principale rupture au début du second mandat de J. Chirac est bien avec les "fondamentaux" du gaullisme : la place de l'Etat, le rôle du pouvoir exécutif, la "grandeur" de la France et la politique internationale.

Par conséquent, cette éventuelle candidature de Michèle Alliot Marie représente bien une différence de fond entre des philosophies politiques distinctes.

A ce niveau s'ouvre une seconde question. Parce qu'il s'agit d'une sensibilité différente, y a-t-il matière à donner une légitimité à la présence au 1er tour de la présidentielle de 2007 ?

La droite "orléaniste" est déjà représentée par François Bayrou, l'ex-CDS ayant constitué l'une des versions modernes de cette approche. En 1981, la division entre VGE et J. Chirac personnalisait cette différence de doctrines. Puis ce fut le cas en 1988 grâce à l'alternative entre J. Chirac et R. Barre, puis en 1995 entre J. Chirac et E. Balladur. En 2007, la candidature de M. Alliot Marie constituerait une étape supplémentaire nouvelle dans la division des droites la condamnant probablement à un score de "témoignage" qui pourrait constituer une triste conclusion à l'esprit de la "Vème République".

Cet esprit qui vient de connaître une inversion probable des forces. Pour la 1ère fois depuis 1958, la droite "orléaniste" est probablement majoritaire au sein de ce qui reste de l'ex-mouvement gaulliste.

  • Publié le 17 octobre 2006

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