Les équipes de la campagne présidentielle (Edito 62)

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En 1860, Abraham Lincoln avait décrit de façon imagée aux Etats-Unis la stratégie du "dark horse" (le cheval à la robe sombre) : "je suis nouveau venu dans ce milieu et je suppose que je ne suis pas le candidat favori de beaucoup. Ma politique consiste donc à n'offenser personne et à pousser chacun à venir vers moi s'il lui faut renoncer à choisir un candidat selon son coeur".

Cette stratégie repose sur deux socles majeurs :
- le lien personnel du candidat avec les personnages clefs de son entourage,
- le candidat doit bénéficier du soutien du parti mais il doit se préparer à aller bien au-delà.

Ces deux socles montrent bien les deux facettes de l'équipe de campagne.

D'une part, il y a un rituel d'organisation qui éprouve les organisations les plus solides : déplacements, discours, opérations médiatiques, publications, débats, prises de position?

Dans ce domaine, l'équipe doit être un appareil moderne professionnel, soudé disposant d'une organisation ayant pour repère l'efficacité.

D'autre part, l'équipe a besoin d'agents de liaisons. Ces agents de liaisons doivent permettre de poser des passerelles en direction de ralliements emblématiques.

Chaque socle doit être solide car seul le cumul de ces deux socles fait une construction performante.

Pour le moment, à l'exception de Nicolas Sarkozy, aucune équipe de candidat ne paraît opérationnelle sur ces deux plans.

Le Président de l'UMP a constitué sa "garde rapprochée" qui interviendra en matière d'organisation quotidienne. Ses "agents de liaisons" ne sont pas encore dévoilés.

En revanche, pour les candidats socialistes, la situation est différente. Laurent Fabius et Dominique Strauss Kahn donnent le sentiment de fonctionner dans un cadre très léger comme s'il s'agissait de ne pas anticiper la désignation ou , volontairement ou pas, comme si cette désignation finalement ne devait plus intervenir.

Ils apparaissent isolés, repliés sur quelques proches habituels.

Quant à Ségolène Royal, elle semble surtout au centre d'un vaste comité d'agents de liaisons avec des univers les plus divers. C'est l'exemple le plus abouti de la stratégie du "dark horse".

En fait, rien ne prouve que la personnalité de l'entourage fasse augmenter ou diminuer la popularité du principal prétendant auprès des électeurs.

Le scrutin présidentiel est doté d'un coefficient personnel très fort.

Les messages à passer par la composition des entourages sont davantage en vue de :
- restaurer l'unité d'un parti en donnant à des personnalités emblématiques un statut de pôles de majorité,
- rassurer l'opinion sur la représentativité de l'équipe dans son rapport avec l'ensemble de la population.

Par l'absence de bouclage de la composition précise des équipes de campagne, chaque candidat montre aussi que l'acte de candidature officielle demeure un moment "magique" qui métamorphose le déclarant mais aussi va figer l'ensemble des rapports de forces donc la composition définitive des équipes de campagne.

Nous assistons donc à une organisation manifestement graduée, prévue pour des étapes successives multiples.

C'est un choix très différent de celui constaté dans d'autres démocraties comme les Etats-Unis, le Canada ou la Grande Bretagne qui officialisent l'équipe initiale et consacrent ensuite l'ajout de strates nouvelles mais toujours différentes de l'initiale.

Cette étape de la constitution définitive des équipes interviendra probablement en janvier 2007. Elle marquera le vrai lancement de campagne.

En attendant, les primaires ont été le galop d'essai plus que le vrai lancement de la campagne.

  • Publié le 24 octobre 2006

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