Le premier tour de scrutin du PS (Edito 66)

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La victoire de Ségolène Royal au 1er tour de la primaire socialiste est un réel évènement historique. C'est la consécration de 4 facteurs qui guident actuellement l'opinion publique. Ce résultat est d'abord le choix d'une personnalité et non pas d'un programme. C'est la personnalité la plus exposée, tous médias confondus, depuis plus de 15 mois. C'est surtout une exposition médiatique positive, cohérente qui a progressivement dessiné les contours d'un tempérament.

Ce tempérament repose sur un carré magique de valeurs : authenticité, harmonie, courage, respect. Ces 4 mots sont la clef actuelle des succès. S. Royal a pratiqué la meilleure pédagogie possible : la répétition. Ces mots ont été martelés par elle de façon constante.

C'est ensuite l'enracinement régional qui a flatté le réflexe provincial et permis de capitaliser le traditionnel anti-parisianisme.

C'est enfin l'échec de ses compétiteurs masculins symbolisant la classe politique masculine classique usée, dévalorisée, rejetée. Qu'elle le veuille ou pas, il est certain que Ségolène Royal a bénéficié de son statut de femme qui répond au besoin de nouveauté et de différenciation.

Son rapport à F. Mitterrand a été l'exemple d?une gestion nuancée du passé. Quand L. Fabius parlait de F. Mitterrand, il était atteint de mitterrandite : le Premier Ministre du Président régalien isolé. Quand S. Royal parlait de la même époque, elle bénéficiait de mitterrandie : l'époque des expériences novatrices.

Cette différence d'appréciation sur une même époque est toujours un redoutable indicateur de mode. Or la mode n'est pas toujours rationnelle, loin s'en faut.

Cette France culturelle a donné son empreinte à la France politique du 16/11 c'est-à-dire aux militants socialistes émancipés des repères habituels.

Le pourcentage obtenu par Ségolène Royal marque des enseignements qui vont bien au-delà du seul parti socialiste.

Sa percée dans les sondages a été souvent interprétée comme une aspiration à la présence renforcée de femmes dans la vie politique française. Cette aspiration n'est pas une priorité pour les Français. Ainsi, dans le dernier sondage IFOP sur les priorités des Français pour 2006 (voir le détail sur le site Internet de l'IFOP), seulement 20% des français aspirent à une meilleure représentation des femmes dans la vie politique.

La réalité, c'est que la société dans son ensemble accorde une place plus importante à des valeurs traditionnellement reconnues comme féminines :
* la priorité au côté pratique des choses,
* l'intuition,
* le respect de la vie,
* une forme de protection qui s'accompagne de douceur.

Des femmes peuvent incarner ces valeurs mais ce sont les valeurs qui sont attendues et non pas une approche sexiste car ces valeurs ne sont pas l'exclusivité du sexe féminin (voir notre lettre hebdomadaire 22 du 10/01/06).

A l'opposé de ces valeurs, l'opinion publique rejette tout ce qui peut s'apparenter aux conflits, à des approches rugueuses, à l'énergie trop clivante.

Ce climat est un vrai défi pour la candidature de Nicolas Sarkozy dans la logique d'un second tour rassembleur. Il devrait corriger rapidement et significativement son pouvoir d'évocation qui s'éloigne beaucoup d'un tel climat tout particulièrement dans sa façon de traiter certaines formes d'exclusions interprétées comme sources de violences.

Le scrutin du 16/11 est vraiment à vocation multiple.
Ce résultat a été la confirmation manifeste d'un nouveau climat dans le pays.

Cette grille de lecture va produire des modifications nombreuses y compris dans les prochaines campagnes locales.

Il n'y a pas d'effet S. Royal. Il y a une nouvelle opinion publique dont S. Royal est le premier produit.

Parce que cette opinion publique a beaucoup changé, c'est une réelle nouvelle période qui s'ouvre. Des changements majeurs interviendront lors des prochains scrutins pour tous ceux qui s'éloignent des nouvelles attentes.

  • Publié le 21 novembre 2006

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