La candidature de Nicolas Hulot (Edito 68)

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La mode médiatique est à l'étude de la nouvelle "génération" des candidats. Il y a surtout en ce moment l'émergence d'une nouvelle "génération d'électeurs". La présidentielle de 2007 se présente en ligne de mire d'une totale recomposition des fonds électoraux classiques. En réalité, les dernières enquêtes laissent apparaître trois France :

- la France populaire. Elle est composée de bas CSP et faibles revenus. Elle est jeune (de 18 à 35 ans). A l'autre bout de la chaîne des âges de la vie, elle est retraitée. Dans ces trois catégories, le Front national fait au moins 25 % des intentions de votes.

- La France intermédiaire. Elle est composée des catégories socio-professionnelles moyennes, des âges de 30 à 55 ans. Elle vote Ségolène Royal.

- La France des notables. Elle est âgée de plus de 55 ans. Ses revenus sont confortables. Elle exerce des responsabilités dans le secteur privé. Elle s'identifie à l'UMP.

Ces trois France laissent des "miettes" aux autres composantes.

La France populaire abandonne son repère classique qu'était le PCF. Celui-ci tombe en conséquence en fond de cale au niveau des intentions de votes : moins de 5 %.

La France intermédiaire se rallie beaucoup à la gauche modérée, social-démocrate. C'est un problème majeur pour la progression électorale d'un courant de démocratie-chrétienne en France.

La France des notables est redoutablement encadrée. Sur sa droite, le FN lui retire l'électorat populaire. Sur sa gauche, le PS new look, devient très tentant pour ses couches modérées.

Une nouvelle France du 1er tour naît.

De même, une nouvelle France du second tour est sur le point de naître avec l'érosion des transferts de voix de l'UDF au profit de l'UMP. 5 ans de divisions publiques ont laissé des traces électorales. Le PS avec le visage de S. Royal et non pas celui de L. Fabius est tentant pour une partie de l'électorat UDF.

Dans cette nouvelle France électorale, la candidature de Nicolas Hulot peut impacter la France intellectuelle qui constitue à ce jour le vivier du PS et du centre droit.

Sa candidature est peut-être une ultime chance pour le candidat de l'UMP de redistribuer les cartes et d'échapper à la tenaille préalablement décrite ; encore faut-il bien entendu qu'un terrain d'entente crédible puisse être trouvé avec Nicolas Hulot.

Par la nouveauté de sa démarche, les thèmes exposés, le foyer de ses soutiens, cette candidature est l'une des dernières perspectives pour introduire un nouveau mouvement dans des lignes politiques désormais bien figées.

Cette situation fait apparaître trois enseignements majeurs :

1) un parti politique sans présidentiable charismatique lui ouvrant des perspectives de succès est voué à la marginalisation,

2) la présidentialisation quasi-absolue de la vie politique française voue à des rassemblements progressifs mettant un terme à l'éclatement des forces politiques. Après la présidentielle de 2007, à circonstances politiques constantes, des réveils vont être douloureux : PCF, Verts, MPF?

3) la France sociologique est de moins en moins éclatée entre les différents partis. L'unification de ces courants sociologiques s'avère de plus en plus délicate. Ce volet sera probablement l'enjeu principal de l'après-présidentielle.

Enfin, au-delà de ces mouvements généraux, il importe d'observer que la France risque de devenir l'une des rares démocraties européennes avec un parti réputé d'extrême-droite stabilisé à un niveau aussi élevé. De la présidentielle de 2002, seul le score de JM Le Pen avait retenu l'attention internationale. Si ce score devait être amélioré, ce serait la "consécration" pour l'étranger de la gravité profonde de la crise frappant la société Française. Un terrible enjeu d'image de marque.

  • Publié le 28 novembre 2006

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