La campagne de Ségolène Royal (02/02) (Edito 77)

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L'actuelle campagne de Ségolène Royal oscille entre des hauts et des bas dans les sondages traduisant, au-delà des apparences, une indiscutable constance de l'opinion publique. Le succès fulgurant de la candidate socialiste lors du premier semestre 2006 est lié à la réponse offerte aux attentes de l'opinion publique.

La première attente était de combler le décalage entre les repères traditionnels des politiques et ceux de la société. Les citoyens s'estimaient coupés de leurs représentants politiques. Avec sa démarche dite participative, S. Royal a été la première à poser les bases d'un nouveau dialogue entre les citoyens et leurs représentants. Le second décalage réside dans l'émergence d'une opinion en recherche de valeurs féminines dans un monde d'angoisses, de précarités. Dans ce contexte, l'opinion a besoin d'harmonie. Elle attend des mots, des attitudes plus proches des valeurs féminines traditionnelles que de l'approche masculine reposant sur des termes d'ambition, de conquêtes ...

Ce sont ces deux facteurs-là qui ont expliqué la mode en faveur de Ségolène Royal bien au-delà de la reconnaissance d'une dimension nouvelle à un statut de femme.

Elle n'était d'ailleurs pas la première femme à connaître des succès significatifs dans les sondages. Simone Veil de façon très constante, Martine Aubry, Michèle Barzach, voire même Élisabeth Guigou ont été des chouchous des médias comme des sondages. L'embellie du premier semestre 2006 répondait à des facteurs bien plus profonds.

Pendant ce premier semestre 2006, Ségolène Royal a incarné une nouvelle offre. Cette caractéristique de "nouvelle offre" paraissait irrémédiablement acquise. Les inconnues résidaient ailleurs. La difficulté dans la dernière ligne droite de la présidentielle semblait être la capacité à concilier cette nouvelle offre avec la présidentialisation du régime accroissant le rôle déterminant du Chef de l'État traditionnellement porté par une culture "d'homme providentiel".

En conséquence, il y a près de six mois le vrai enjeu de la présidentielle semblait résider dans la capacité de la leader socialiste à opérer un tournant efficace entre le socle de sa popularité et l'adaptation au profil de la fonction présidentielle.

A cette époque également, dans cette logique, il paraissait naturel que l'un des tournants soit dans le choix du Premier Ministre qui pourrait contrebalancer cette conception nouvelle de la fonction présidentielle.

Nous sommes très loin de ces perspectives. Ségolène Royal n'est pas entrée dans une conception nouvelle de la fonction présidentielle. Elle est revenue aux bases classiques du choc des représentants des partis. Chaque fois que la leader socialiste revient à ces bases classiques, elle altère le socle de sa popularité et elle enregistre dans les semaines qui suivent une érosion manifeste. A la recherche de cette nouvelle offre, des électeurs partent vers d'autres leaders dont François Bayrou.

Dans ce contexte, l'annonce de la composition de la l'équipe rapprochée de la leader socialiste constitue une nouvelle étape dans les déchirures quasi permanentes entre la nouveauté et la tradition.

Si l'opinion reste cohérente dans ses ancrages, ce pouvoir d'évocation de S. Royal à la tête de la mitterrandie devrait la re-fragiliser significativement dans les sondages et dans les intentions de votes.

Si tel est le cas, au moment même où le zapping ouvre un nouveau débat sur les instituts de sondages comme sur la nouvelle mentalité de l'opinion, cette érosion traduirait une réelle constance de l'opinion publique.

Pour parler de constance ou de zapping excessif, encore faut-il identifier les facteurs déterminants entre deux évolutions de l'opinion. Si l'opinion évolue alors même que les circonstances sont restées les mêmes, elle témoigne alors d'une instabilité inquiétante. Mais si les évolutions ne proviennent pas de l'opinion mais des candidats, les fluctuations de l'opinion ne font que révéler sa maturité loin des a priori.

A nos yeux, les fluctuations actuelles de l'opinion traduisent son indépendance, sa liberté et sa volonté d'accompagner une "nouvelle offre politique".

  • Publié le 27 février 2007

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