Les élections municipales et la fin du "Centre" ?

Dans la météorologie politique, il manque au Centre les deux qualités indispensables :
- la faculté de créer l’orage,
- la faculté d’installer le soleil avec l'espoir d'une victoire à la présidentielle.

Il s’est satellisé dans un autre univers. Celui d’une «autre division» de second ordre qui proteste, qui analyse, qui commente mais qui ne fait pas le pouvoir ni présent ni futur.

Le jeu moderne du pouvoir ne connaît pas ce positionnement.

Le Centre est devenu un acteur du «divertissement politique» mais pas un acteur du «pouvoir politique».

En réalité, l’après présidentielle a confirmé trois tendances lourdes qui ont été autant de faiblesses du centre.

Quand un parti politique ne compte pas un présidentiable crédible, il est désormais réduit à l’allégeance ou à l’hostilité.

A maints égards, François Bayrou parait devenu un «Michel Jobert» des temps modernes. Michel Jobert avait créé le «mouvement des démocrates » dans les années 1970. Esprit particulièrement brillant, il s’estimait porteur d’une certaine vérité et d’un comportement juste refusant une approche manichéenne de la vie politique. Cet «ailleurs» n’a jamais existé.

Bayrou est un présidentiable usé, démonétisé. Borloo n'est pas encore un présidentiable crédible. Donc pas de leader en navire amiral.

Ensuite, second facteur de faiblesse, que recouvre aujourd’hui réellement le Centre comme courant de pensées ?

La filiation dominante existe-t-elle avec l’ex Parti Républicain ou l’ex Centre des Démocrates Sociaux ?

Bien davantage, la terminologie du Centre souvent rattachée à l’ex-UDF renvoie d’abord à l’approche de Valéry Giscard d’Estaing.

L’analyse fondatrice repose notamment sur l’émergence d’un «nouveau centre sociologique» qui correspondait à une analyse possible dans les années 70 mais désormais déconnectée des réalités.

La base conceptuelle de ce parti est donc difficilement identifiable.

Enfin, dernier facteur de difficulté, quel est le pouvoir d’évocation populaire de ce parti ?

Derrière ce terme se profile une question simple : où est la «promesse d’offre» qui peut justifier un vote ou un engagement en son sein ?

Ceux qui se reconnaissent pas dans un clivage binaire (droite/gauche) ne se retrouvent pas dans un appareil sans leader.

Ceux qui vivent leurs votes par et pour la protestation ne retrouvent dans le programme du Centre ni la matière nécessaire sur les enjeux majeurs ni l’historique de combats emblématiques.

Ces trois facteurs signifient que, sans rebondissement majeur et rapide pour convaincre d’un nouvel ancrage clair, la logique à terme paraît de nature à l’inscrire dans un espace de plus en plus réduit et anticiper de réelles questions de survie. Il est probablement en voie de suivre la disparition des radicaux.

La campagne 2007 de François Bayrou avait été l’embellie passagère.

Depuis, c'est la descente progressive mais assurée vers la disparition.

Pour suivre l'actualité de la politique américaine : Politique Américaine

  • Publié le 1 janvier 2014

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