Manuel Valls et le débat sur un "Tea Party à la Française"

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La démocratie moderne est d’abord une démocratie plébiscitaire reposant sur le rapport direct à un leader.

Cette donnée écrase toutes les autres dont la place traditionnelle des partis politiques.

Ce d'autant plus qu'en temps de crise, les partis politiques sont fortement déstabilisés par les situations heurtant les repères moraux de l’opinion publique.

Il suffit que ce rapport au leader soit fragilisé et c'est l'ensemble de l'édifice qui est menacé.

Cet cet espace qui a été occupé par le Mouvement Tea Party en 2010 alors que Barack Obama peinait à confirmer son statut de leader du monde libre.

Le Tea Party a été le nom de baptême de mouvements locaux très disparates.

Sa virginité face au pouvoir l’a auréolé de toutes les vertus. L’incapacité du Parti Démocrate à réformer Washington a fragilisé la formation de la majorité présidentielle.

Le Parti Républicain n’a pas capitalisé cette fragilisation puisque le climat a tourné à l’esprit «sortez les sortants» d’où l’ampleur des défaites des sortants dans les primaires y compris au sein même du Parti Républicain.

La lune de miel était rompue avec Obama. Mais elle était rompue avec l’ensemble de la classe politique.

En effet, le 2 novembre 2010 a été une vague historique d’alternance et / de sanction.

Ce fut d'abord la victoire de l'Amérique d'en bas.

La dernière révolte populiste Américaine datait du début des années 80 avec la victoire de Ronald Reagan.

A cette époque, une révolution intellectuelle se produit et installe de nouveaux schémas inconcevables quelques années plus tôt.

C'est la victoire des "bons citoyens contre la méchante élite".

Une élite intellectuelle à cette époque qui se serait excessivement éloignée des concepts fondateurs de la démocratie Américaine.

En quelques années, un instinct de liberté est favorisé basé sur une nouvelle alliance : l'initiative économique et la démocratie politique.

Le socialisme renvoie alors à une nostalgie d'un passé autoritaire et inefficace.

Ce populisme déclare alors retourner aux principes fondateurs de la démocratie Américaine :
- l'Etat doit être limité,
- l'économie doit être libre,
- le système moral doit être solide et indépendant (Eglises, Universités, médias …).

Cette approche a donné naissance à une révolution conservatrice qui a changé la donne pendant de nombreuses années.

Le "new look conservateur" avait emporté sur son chemin le radical chic de la côte Est. La gauche Américaine était en état de faillite. Elle mettra de très nombreuses années à se remettre de cette époque.

Cette approche trouve actuellement en France un terrain particulier.

Les formations politiques traditionnelles sont très contestées. Le FN ne parvient plus à capitaliser toutes les logiques protestataires tant elles son nombreuses et parfois même opposées : comment concilier la protestation populaire du Nord avec celle CSP + de PACA ?

C'est le côté Tea Party de la situation politique française : le fait que peut-être pour la première fois à ce point le terrain local échappe à l'endiguement national.

Sous cet angle, il y a un "climat Tea Party" que Manuel Valls évoque à juste titre même si dans son approche c'est surtout le côté conservateur qu'il voulait stigmatiser.

C'est l'une des inconnues des élections municipales de mars 2014. Si "l'esprit Tea Party" existe, il y aura de nombreuses spécificités locales échappant à une seule grille de lecture nationale.

Pour suivre l'actualité de la politique américaine : Politique Américaine

  • Publié le 6 février 2014

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