Loi "anti Amazon" ou la France à rebours du temps

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Si aujourd’hui, le secteur français de l’édition est un secteur totalement sinistré, c’est la responsabilité de deux intervenants :

1) La loi Lang sur le prix unique du livre : quelle plus forte protection pour un groupe puissant que d’être assuré que ses concurrents plus fragiles ont d’abord la “force des faibles” c’est à dire la souplesse, la flexibilité, l’adaptation ? Or la loi Lang sur le prix unique des livres prive les éditeurs indépendants de cette flexibilité. Elle a été la meilleure rente de situation possible pour Hachette.

2) La seconde responsabilité incombe au dispositif des offices mis en oeuvre par Hachette. Les offices sont une spécificité de la diffusion - distribution française dans l’édition. Un libraire ne décide plus de ses choix. Un jour par semaine, il reçoit ce que son diffuseur-distributeur Hachette a décidé qu’il devait commercialiser : titres et quantités. L’indépendance des libraires en France n’est qu’une formule de style. Ce dispositif est également la fin du fonds de commerce des libraires. Lors d’une transaction, le montant est totalement dépendant de la reconduction du contrat avec Hachette. Ce dispositif est tellement pervers que, pour étrangler toute concurrence, Hachette a mené la guerre des linéaires, c’est à dire assortissant une augmentation des remises à l’augmentation de l’espace occupé sur les linéaires. Si bien que la concurrence n’avait que de plus en plus difficilement accès aux linéaires. Comment devient-il possible de vendre un livre qui n’a même pas accès au linéaire donc à l’exposition pour le choix du public ?

Ces deux tenailles peu connues du grand public vont à contre courant de fausses évidences sur lesquelles Hachette a considérablement et massivement communiqué via ses journaux.
Mais ces réalités du marché ont sinistré un secteur d’activités faisant disparaître les éditeurs indépendants et un nombre record de libraires de proximité.

La loi "anti Amazon" sur les remises des frais de port ne s'attaque donc en aucune manière aux raisons de fond de la crise des libraires en France.

C'est une loi à rebours du temps.

  • Publié le 27 juin 2014

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