La gauche aujourd'hui (Edito 83)

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La vie politique Française est désormais rythmée par les deux élections qui font les deux seuls pouvoirs actuellement reconnus par les Français : la présidentielle, l'élection du Maire.

La présidentielle donne le tempo de la politique nationale. L'élection municipale donne le tempo de la politique locale.

Dans ce contexte, les difficultés actuelles de la gauche sont liées à la rencontre de deux facteurs.

Le premier concerne l'indiscutable droitisation de l'opinion publique. Le second relève de l'absence d'un candidat ayant de longue date un véritable caractère présidentiel.

En ce qui concerne la droitisation de l'opinion publique française, elle était annoncée depuis l'hiver 2005. En fonction de l'actualité, elle s'amplifie. Le mot droitisation est inadapté. En réalité, l'opinion a modifié son rapport avec les étrangers. Dès le lendemain des émeutes urbaines de novembre 2005, une réelle rupture nouvelle et d'ampleur est intervenue entre l'opinion et l'immigration.

Aucune donnée technique ne permet d'établir la réalité du lien entre ces deux éléments : les émeutes de novembre 2005 et l'immigration. Certes les quartiers concernés étaient des quartiers habités en nombre par les immigrés. Les images donnaient une expression surreprésentée de noirs ou de maghrébins. Un véritable tournant est alors intervenu. Pour en percevoir la réalité de l'ampleur considérable, il importe de se rappeler l'enquête CSA publiée par Le quotidien Le Monde du 18-19 décembre 2005. Elle exposait une poussée considérable de la xénophobie. Pour la première fois, 56 % des personnes interrogées estimaient que le nombre des étrangers était "trop important" ; ce qui correspondait à une hausse de 18 points d'un coup.

Dans le détail, c'est aussi la première fois que les écarts entre les réponses des sympathisants traditionnels de gauche et les réponses des sympathisants de la droite parlementaire se sont considérablement restreints.

Une première étape d'acceptabilité de certaines idées avait été franchie. Ultérieurement, une nouvelle étape désormais d'adhésion allait être opérée. Dans ce contexte, le discours officiel de la gauche sur l'insécurité et l'immigration allait devenir en divorce profond avec l'opinion majoritaire dans le pays. La gauche perdait un courant culturel nécessaire pour une victoire.

A ce premier handicap, elle allait en ajouter un second : l'absence d'un leader présidentiel reconnu.

Pour bien apprécier l'importance de ce critère, il importe de replonger dans les sources de la victoire de 1981. A cette époque, l'un des tournants est le mardi 31 mars 1981. François Mitterrand est l'invité du Grand Débat de TF1.

Il s'impose avec un style qui dégage une autorité présidentielle reconnue par tous. Cette autorité repose sur deux socles majeurs :

- la capacité à incarner les options politiques fondamentales de la gauche donc à ce titre à inspirer confiance à l'électorat traditionnel de gauche,

- la capacité à dégager l'impression de dignité issue de la liberté par rapport aux ancrages partisans pour conduire de façon sérieuse la mission à la tête de l'État dans l'intérêt des Français et de la France bien au-delà de son seul ancrage partisan.

Le dernier mois de campagne de cette période avait été en permanence dominé par ce charisme présidentiel qui a fondé une part déterminante de la victoire de F. Mitterrand. Ainsi, comme autre exemple, le dimanche 5 avril 1981, François Mitterrand était l'invité d'Europe 1. A l'issue de l'émission, Jean-Luc Lagardère, à l'époque patron d'Europe 1, retient le candidat et son équipe dans son bureau. Alors, chacun s'accordera à reconnaître le charisme présidentiel du candidat socialiste. Il avait "changé de dimension".

C'est ce charisme présidentiel qui a fait défaut à Ségolène Royal.

Les actuelles eaux basses de la gauche résultent de la conjugaison au même moment de ces deux facteurs : l'absence de courant culturel favorable mais aussi l'absence de leader à la stature présidentielle reconnue. Dans ces conditions, c'est une triste campagne qui ne pouvait qu'être conduite par le représentant de la gauche. Ségolène Royal a ajouté des maladresses qui n'ont fait qu'amplifier ses difficultés de départ et ouvrir des espaces inattendus et sans précédent exploités par l'UDF.

Au sommaire de la Lettre Exprimeo 83 :
- Fiche 83 : les publicités institutionnelles (01/02).
- Discours 165 : le drapeau bleu blanc rouge.
- Discours 166 : le patriotisme.
- Carnet 83 : Etats-Unis : la collecte des fonds dans la présidentielle Américaine (01/03).
- Presse : 5 faits majeurs de la semaine n15


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  • Publié le 17 avril 2007

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