Crise économique : Denis Payre face à l'esprit Robinson Crusoë
Très important sondage Ifop publié ce jour sur les Français face à la situation économique au moment où Pierre Gattaz hausse le ton et évoque pas moins que la mise en liquidation de la France.
Face à la situation économique et sociale de la France, l’état d’esprit des Français tend à basculer d’un sentiment de révolte à ceux de résignation et d’indifférence : si environ la moitié des Français se déclaraient révoltés par cette situation depuis 2011, ils ne sont aujourd’hui plus que 42% à se retrouver dans cet état d’esprit (-10 points en un an) alors que la résignation (36%, +3) et l’indifférence (11%, +6) gagnent du terrain. Les sentiments de confiance (8%) et d’enthousiasme (3%, +1) quant à eux n’évoluent guère.
Ces résultats, qui montrent une certaine acceptation des conséquences de la crise, font écho aux difficultés récentes des syndicats à mobiliser la population (lors de la réforme des retraites, notamment).
Dans ce climat de détachement, seuls deux Français sur cinq se disent prêts à faire des efforts pour redresser les comptes du pays (41%), un score en déclin constant depuis juillet 2012 (67% à l’époque). Cette tendance est encore plus forte chez les catégories populaires, où seuls 23% se déclarent disposés à faire des efforts.
Si l’on peut expliquer la démotivation des Français pour redresser les comptes du pays par une forme de résignation face à une crise qui dure, leur perception des efforts du gouvernement apparaît également comme une clé de lecture : en effet, seuls 15% des Français considèrent que le gouvernement fait actuellement suffisamment d’efforts pour réduire les dépenses de l’état, et la moitié considèrent même qu’il n’en faire pas du tout. Dans l’ensemble, ces résultats demeurent stables par rapport à ceux enregistrés en novembre 2013, soit avant la nomination de Manuel Valls à Matignon.
Enfin, on observe une nette corrélation entre la disposition personnelle à faire des efforts et le jugement sur les efforts fournis par le gouvernement : parmi ceux qui considèrent que l’exécutif agit suffisamment en ce sens, 70% se disent prêts à faire des efforts – un score qui chute à mesure que les interviewés affichent leur défiance vis-à-vis du gouvernement.
Cet état d'esprit de démotivation explique probablement le vrai enjeu rencontré par ceux qui, comme Denis Payre, luttent pour un redressement économique rapide.
Ils doivent s'adresser à des Robinson Crusoë qui se sont faits à l'idée d'être perdus sur leur île et songent à la simple survie individuelle.
La réponse est désormais davantage sur le moral que sur l'économie pure et c'est un autre discours moins technique qui est la probable clef.