Ronald Reagan, James Brady et les "hommes du Président" : l'époque de la Révolution conservatrice
L'annonce du décès de James Brady est intervenue hier : James Brady
L'ancien porte parole de Ronald Reagan a été l'un des acteurs des nombreuses révolutions portées par cette équipe.
Cette équipe a révolutionné tout particulièrement les techniques de communication.
Ronald Reagan reste l'un des plus grands communicateurs. Il ne parle pas de politique mais des valeurs qui guident la vie de tous les jours : un sujet, une anecdote, un sourire et l’adhésion est emportée.
C’est le produit d’un travail méticuleux. Il invente le «Président Téfal» celui à qui aucun échec ne colle à la peau.
Tout est scénarisé. C’est un spectacle permanent avec un «happy ending». Reagan est le héros qui lance les grandes aventures, qui réussit contre tous les courants contraires.
Avec Reagan, la politique devient une histoire. Dans la dernière ligne droite avant le vote, Reagan achète des espaces publicitaires sur les grands réseaux. De quoi parle-t-il alors ? Des dossiers les plus importants ? Il raconte «qu’il vient de perdre un ami (John Wayne) et juste avant sa mort, cet ami lui a fait prendre un engagement simple : donne à l’Amérique une raison de vivre et elle triomphera de tout».
C’est l’optimisme hollywoodien avec une présentation manichéenne d’une extrême simplicité.
Le 4 novembre 1980 à soixante dix ans, Reagan devient le plus âgé des Présidents élus mais le plus moderne de ses Présidents.
Il va mener sa gestion présidentielle comme ses campagnes. Une fois les dossiers les plus sérieux de la planète traités, le Président repart dans son ranch, monte à cheval, taille le bois. C’est sain, sportif, viril faisant référence aux clichés les plus forts du Far West.
En 1980 l’élection est brillante. En 1984, la confirmation l’est autant. La personnalité est adulée même si l’opinion est plus mesurée sur le bilan concret.
Le 6 novembre 1984, Reagan remporte 49 Etats sur 50 réunissant 59 % des électeurs sur l’ensemble de l’Etat fédéral.
Au lendemain de sa réélection, alors qu’il est invité à commenter les résultats, il énonce avec un grand naturel «et nous n’avez encore rien vu !».
La seconde étape dans le leadership moderne était franchie.
Il n’était plus question de compétences intellectuelles mais de compétences émotionnelles et physiques : savoir parler à l’intelligence émotionnelle de l’opinion.
Cette étape n'a été possible que par une équipe : les hommes du Président.
Dans cette équipe, des personnalités ont occupé des responsabilités hors du commun compte tenu du dispositif de large délégation de Ronald Reagan.
James Baker a tenu l'administration de la Maison Blanche dans des conditions inégalées.
Edwin Meese a mené des opérations politiques remarquables dont le bras de fer avec l'URSS qui sera le levier stratégique de la chute du mur de Berlin.
Quant à l'équipe de communication, sous l'autorité de Mike Deaver et avec James Brady, elle a inventé et organisé la communication moderne.
C'était "l'équipe des Californiens", formulation pour partie inexacte car Baker est texan. Mais ce nom de baptême résumait une équipe qui connaissait de longue date Ronald Reagan et qui avait la conviction de mener une révolution conservatrice idéologique.