La Drôme et le pouvoir féminin
Lors des dernières élections municipales, le département de la Drôme a porté deux femmes à la tête de deux Communes très importantes :
- Marlène Mourier à Bourg-Lès-Valence,
- Marie-Hélène Thoraval à Romans-sur-Isère.
Dans les deux cas, ce sont deux succès politiques historiques.
A Bourg-Lès-Valence, la droite n'a jamais été au pouvoir.
A Romans-sur-Isère, le PS était au pouvoir depuis 1977 !
A Bourg-Lès-Valence, Marlène Mourier, c'est la "génération terrain". Au moment d'engager la campagne électorale, Marlène Mourier est d'abord connue comme la députée suppléante de Patrick Labaune. En mars 2008, Patrick Labaune est Maire sortant de Valence. A la tête de cette Capitale de la Drôme, il a effectué un travail considérable depuis deux mandats déjà. Le climat politique national est difficile pour sa tendance politique (UMP) mais tous les observateurs considèrent que cette contrainte le conduira à une victoire plus serrée que d’ordinaire. Le soir du second tour, c’est la surprise : Patrick Labaune est battu. Patrick Labaune devient l’un des symboles des élus locaux emportés par une vague nationale visant à sanctionner le pouvoir présidentiel. Une vague considérable, historique qui allait modifier de très nombreux rapports de forces locaux.
Loin de s’éloigner de cette belle ville, Patrick Labaune et sa dynamique suppléante, Marlène Mourier, n’abandonnent en rien leurs habitudes de très forte présence sur le terrain.
Au début, les contacts sont plus difficiles. Des électeurs témoignent une certaine gêne devant ce score si ingrat. Les anciens élus municipaux expriment parfois une certaine amertume devant une telle sanction politique si déconnectée des réalités concrètes d’un bilan. Le temps passe. Les successeurs font «leurs preuves». Progressivement, la réconciliation avec les citoyens tournent à la nouvelle romance. Marlène Mourier et Patrick Labaune sont le symbole de la génération terrain décidée à reconquérir «la preuve locale» qu’un scrutin national leur a enlevée. Face aux technocrates, aux politiciens abstraits, ils incarnent la génération des réalités. Des élus locaux qui connaissent chaque quartier d’une ville, qui ont partagé les bons et mauvais moments de très nombreuses familles.
A Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval incarne une approche différente. Cette universitaire au parcours professionnel très complet a un engagement plus national.
Marie-Hélène Thoraval a été Chargée de développement dans l'agroalimentaire en France et à l'international. Puis son parcours professionnel a connu les étapes suivantes :
- Chargée de mission pour la DATAR (Délégation interministérielle à l'Aménagement du Territoire et à l'Attractivité Régionale).
- Chef d'entreprise (conseil dans le développement)
- Enseignante en universités et en écoles de commerce (en France et à l'étranger)
Vie publique
- Mai 2007 : Suppléante du Député Gabriel Biancheri
- Mai 2008 : Chef de l'opposition au conseil municipal de Romans
- Mars 2010 : Conseillère régionale Rhône-Alpes
- Déc. 2010 : Députée de la 4e circonscription de la Drôme
- Mars 2014 : Maire de Romans
Mais dans les deux cas, c'est bien d'un test sur le pouvoir féminin dont il est question.
Des spécialistes du nombre, supposés très sérieux, défendent que le nouveau millénaire sera celui de la « Femme ». Ils livrent une interprétation originale :
- le millésime 1 est masculin, indépendant, singulier,
- le millésime 2 est féminin, repose sur l’équilibre, le partenariat, la famille.
Cette émergence d’une « approche féminine » des individus et des choses repose sur un constat simple. Les femmes sont différentes des hommes. Il n’y a pas de rapport de supériorité ou d ‘infériorité entre eux. Mais les approches, les raisonnements, les méthodes sont tout simplement différents.
Dans un monde politique, terriblement marqué par une domination du sexe masculin, faut-il voir dans l’appel à une plus forte représentation féminine l’appel conscient ou inconscient au changement des représentants pour changer ensuite la vie politique ?
Ce n’est pas impossible. La volonté de rupture avec le fonctionnement habituel des institutions politiques n’a jamais été aussi fort.
Mais plus fondamentalement, la modernité fait naître de nouveaux repères. Ce qui est plus important c’est tout simplement que la société dans son ensemble s’est féminisée dans ses valeurs.
Les valeurs actuellement dominantes correspondent à des repères classiquement féminins :
- recherche d’harmonie,
- pacifisme,
- humanisme,
- intuition,
- modestie,
- écoute,
- sens pratique.
Trois courants actuels profonds accordent aux valeurs féminines un avantage certain dans les circonstances modernes.
1) La société n’attend ni la conformité ni la rupture brutale mais la transformation douce.
2) La société aspire à des changements pratiques immédiats et non pas à des objectifs généraux lointains.
3) Le besoin de confiance. Tout est perçu comme menace. Le besoin de confiance est la forme de protection qui traduit une aspiration plus forte que jamais à la sécurité comme assurance contre les risques généralisés qui nous guettent.
Ce « territoire » correspond bien à l’actuel parcours de ces deux élues. Sous ce volet, la Drôme a bien valeur de test national.