Bruno Le Maire : 2015 ou ... 2027
Dans les circonstances actuelles, où Bruno Le Maire change de rythme au printemps 2015 pour incarner le neuf au sein de l'UMP ou il se limite à des fonctions techniques majeures mais d'appoint pour attendre son tour à la présidentielle de ... 2027 c'est à dire dans une ... "éternité".
Là où il y a le changement actuellement, il est d'abord porté par l'aventure de la différence des leaders et non pas par celle des partis.
Que serait Syriza sans Tsipras ?
Que serait Podemos sans Pablo Iglesias ?
Que serait le Parti Libéral Canadien sans Justin Trudeau ?
...
Et la liste est longue. Le leader doit porter la différence. Il doit être le "papier-cadeau visible de la différence".
C'est tout le problème de la politique française : elle exclut cette belle aventure de la différence des leaders. Ce sont toujours les mêmes.
Mêmes habits : l'uniforme des fonctionnaires de la politique.
Mêmes mots.
On sait à l'avance qu'ils ne vont pas faire demain ce qu'ils promettent aujourd'hui parce que, dans le tourniquet permanent des pouvoirs, ils ne l'ont jamais fait hier.
Tant que la France ne connaîtra pas cette aventure de la différence des leaders, elle continuera dans son affaiblissement permanent qui est d'abord moral.
Il y a tellement d'amortisseurs que cet affaiblissement intervient dans la douceur mais les places se perdent chaque année, domaine par domaine, pour descendre de catégorie.
C'est un phénomène étonnant. Celui d'un pays qui vit avec des postulats mais pas avec des constats simples. Or la définition même du postulat c'est qu'il n'a pas à être ... démontré. La récente campagne des cantonales a été une caricature des postulats généralisés : des vérités intouchables ou sinon la colère est supposée s'abattre sur les ... impertinents.
L'abstention sera alors durablement le premier parti de France comme la montée du Front National tant que l'aventure de la différence sera impossible à ce point. Sous cet angle, l'abstention est d'ailleurs bien plus "sympa" et lucide que l'image que la classe politique veut lui donner.
Pour casser ce "faux rythme" à la française, il faut du neuf porté par des leaders neufs.
C'est tout le défi de Bruno Le Maire.
1) Il n'est pas sûr que cette "ambiance" dure.
2) La discipline de la présidentielle va vite limiter les espaces dans l'entonnoir de la pré-campagne.
3) Si la droite gagne 2017, ce qui est probable, il n'aura plus d'espace présidentiel jusqu'en 2027. Les blocages français sont tels qu'il faut s'habituer à une "logique essuie glace" des votes passant d'un bord à l'autre en fonction des colères populaires. Le programme naturel de la droite est tel que le reflux post-présidentiel fera rapidement retourner des couches populaires entières vers la gauche. C'est donc la présidentielle d'après qui deviendra possible. Il faut avoir à l'esprit que lors des deux derniers mandats présidentiels, l'opinion s'est retournée en moins de 12 mois. C'est "l'été meurtrier post présidentiel" avec en 2007 comme en 2012, une rentrée qui est celle du divorce politique.
Avant de retrouver une "gauche aussi décapitée" que l'actuelle période, il faudra attendre du temps.
Bruno Le Maire est donc confronté à des décisions majeures dans un calendrier rapide au moment où l'érosion de son score au sein de l'UMP a déjà connu une érosion forte.