François Hollande et la fin du socialisme des synthèses
Dès 2010, dans sa lettre hebdomadaire, Exprimeo avait annoncé la valeur ajoutée d'alors de François Hollande pour la primaire PS qui allait s'engager : le socialisme des synthèses ou la synthèse des socialismes.
Les chocs actuels étaient tous déjà en gestation. En réalité, le constat de divorce est effectué lors de l'entretien de Michel Rocard au Nouvel Obs le 20 août 2005. Rien ne manque à la lucidité du constat.
Mais en 2010, l'anti-sarkozysme règne. Il est donc possible de surfer sur les convergences des diverses tendances sans ouvrir les vrais débats de fond. Une fois au pouvoir, les débats de fond s'imposeraient. C'est le cas depuis le Gouvernement Valls.
Le sondage IFOP publié ce week-end montre que la fin du socialisme des synthèses va emporter François Hollande avec elle.
L'opinion et même les socialistes ont conscience que la cohabitation est impossible.
L'explication de fond est incontournable.
Les "chouchous" du Président (Valls, Macron ...) portent un socialisme réformiste qui n'est pas compatible avec le dogmatisme des Verts ni avec la conception dépensière de la gauche de la gauche.
Le divorce est sur la place et il porte sur la fonction même de la dépense publique, donc le niveau et le calendrier des réformes. En effet, la vraie compétition est désormais celle entre les modernes et les archaïques. D'un côté, il y a les personnes résistantes au changement. De l'autre, celles qui sont ouvertes au changement, qui sont prêtes à faire les choses autrement.
Le gouffre entre ces deux groupes se creuse.
Depuis plusieurs années, on parle beaucoup des inégalités de revenus, mais il ne s'agit pas du problème essentiel.
Le vrai problème, c’est le refus de certains de se joindre au monde moderne.
Une vieille société est en train de disparaître : celle de l'argent public facile. La baisse des dotations d’Etat en France n’est pas conjoncturelle. Elle est structurelle et durable. Elle va entièrement modifier le périmètre de l’ensemble des politiques publiques.
C’est donc un total redéploiement des doctrines et des pratiques qu’il faut opérer. Ce redéploiement impose au PS la remise à niveau de son logiciel des programmes. Cette remise à niveau est incontournable.
L'opinion l'exige parce qu'elle a pris de l'avance sur la société politique.
Le PS sait qu'il ne peut cohabiter avec des tendances aussi diverses, inconciliables dans ce contexte.
Le temps même de la conception de François Hollande de dresser les synthèses est terminé. Difficile de vivre une "seconde vie politique" après de telles habitudes.