Bruno Le Maire face au naufrage dévastateur
Il y a un moment où Bruno Le Maire va devoir se confronter à un vrai défi : incarner le neuf ! Pour les autres candidats présidentiables, l'opinion les observe avec réserve : elle les écoute mais elle sait qu'ils ne vont pas faire ce qu'ils promettent puisqu'ils ne l'ont jamais fait ! D'où la démobilisation actuelle face à un jeu politique bloqué.
La place du neuf c'est de provoquer le choc face à ce jeu immobile.
Il y a un événement majeur à très fort impact international : les violences militaires.
C'est un scandale sur le fond et sur la forme : un naufrage dévastateur.
Sur le fond, il s'agit d'accusations d'enfants selon lesquels des soldats les ont violés lors de l'opération Sangaris en 2014 en Centrafrique. Les témoignages circonstanciés des enfants, contenus dans un rapport de l'ONU, portent sur une période allant de décembre 2013 à juin 2014 et ont justifié l'ouverture d'une enquête préliminaire en juillet 2014 à Paris restée secrète jusqu'à ce qu'un article du quotidien britannique The Guardian révèle l'affaire mercredi.
Sur la forme, c'est en juillet 2014 que le ministère français de la Défense reçoit un rapport établi par des personnels du Haut-commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU positionnés en Centrafrique, où l'armée française s'est déployée dans le cadre de l'opération Sangaris, destinée à empêcher une guerre civile: une dizaine d'enfants - le plus jeune a neuf ans - affirment qu'en échange de nourriture ou sous la menace, des soldats français ont les ont agressé sexuellement.
De juillet 2014 à mai 2015 : rien en surface publique.
Sur le plan international, sur ces deux volets, la position de la France est sévèrement attaquée par les médias : qui peut croire encore en la France ?
Face à un tel sujet d'éthique, les expressions fortes se font attendre. C'est peut-être l'occasion pour Bruno Le Maire de ré-apparaître dans le paysage politique français coincé qu'il est entre le "maître" de la machine politique (Nicolas Sarkozy) et le "maître des sondages" (Alain Juppé) ?
Si le PS n'était pas au Gouvernement, dans des circonstances analogues, nul doute qu'il aurait été rapide à se positionner comme le défenseur des droits des opprimés. Un terrain désormais libre que la droite peine toujours à occuper alors même que la jeunesse est toujours sensible à ces valeurs. Même au sein des Armées, l'attente est forte pour une expression qui rappelle des valeurs nobles. Qui sera le premier à exposer le refus du caractère inévitable de tels cauchemars ?