Alain Juppé face à un second choix stratégique
Les primaires créent une dynamique particulière. A refuser de vouloir respecter cette dynamique, des tendances inéluctables s'appliqueront.
Première règle : pour que l'appareil politique destiné à encadrer les primaires ne pèse pas en faveur de l'un des candidats, sa présidence doit être confiée de longue date à un ... non-candidat. C'est la conception du "chairman" qui prévaut aux Etats-Unis. Le Président est celui qui gère le parti à l'écart de l'intérêt des candidats potentiels. A l'issue de la primaire, l'appareil se met alors à disposition du candidat désigné.
Lors de la primaire UMP, un seul candidat a défendu une logique de ce type : Hervé Mariton. Les candidats potentiels pour 2017 ont refusé de traiter ce sujet. Ce fut une première erreur stratégique.
Le second choix de même importance réside dans le fait de ne pas considérer que la primaire est une élection en elle-même. La primaire introduit deux élections différentes : la primaire puis l'élection générale.
Vouloir considérer qu'une primaire c'est une forme d'élection générale est un non-sens. Lors d'une primaire, ce sont les militants radicaux qui se mobilisent. Tous les candidats qui ne parlent pas à ces militants radicaux perdent la primaire.
Au lendemain de la primaire, ces militants radicaux se font à l'idée que l'essentiel c'est que leur candidat gagne l'élection finale. Et ils acceptent alors des expressions plus modérées de leur candidat. Mais une primaire vécue à l'écart de cet esprit militant, c'est une primaire perdue.
C'est le second choix stratégique majeur auquel Alain Juppé est aujourd'hui confronté sauf à considérer qu'il veuille dès l'origine perdre au "champ d'honneur" pour incarner ensuite une tendance de cette sensibilité politique. Mais aucune primaire n'a jamais été gagnée à l'écart des militants radicaux du parti qui organise la primaire.