François Bayrou revient à son ancrage de droite
Plus le temps passe, plus les régionales apparaissent comme une "haie" décisive sur la course de 2017.
Que restera-t-il du PS s'il descend au plancher de 15 % sur le territoire national lors des régionales ?
Quelle dynamique du FN s'il se découvre en tête du 1er tour dans de nombreuses régions emblématiques ?
Mais aussi quelle peut être la marge de manoeuvre de François Bayrou si le Modem est associé à toutes les équipes régionales des Républicains ?
François Bayrou est né lors de la présidentielle 2002. Il a créé son espace lors de la présidentielle 2007. Avec 2012, il s'est satellisé en indépendant irréductible. Mais avec les régionales 2015, François Bayrou ne se dirige-t-il pas vers le plongeoir si toutes "ses" troupes du Modem se fondent dans l'opposition des Républicains ? Comment s'en détacher après ?
A maints égards, François Bayrou parait devenu un «Michel Jobert» des temps modernes. Michel Jobert avait créé le «mouvement des démocrates » dans les années 1970. Esprit particulièrement brillant, il s’estimait porteur d’une certaine vérité et d’un comportement juste refusant une approche manichéenne de la vie politique. Un «ailleurs» qui n’a jamais existé. Toute sa carrière le rattachait à la droite. Mais avec son parti, il ne se voulait plus à ... droite. L'opinion n'a jamais compris. D'où l'échec de "l'ailleurs".
Un "ailleurs" que le Centre peut incarner a priori. Mais où est le Centre en France si ce n'est à ... droite ?
C'est l'histoire du Centre, avec sa sa filiation tant avec l’ex Parti Républicain qu'avec l’ex Centre des Démocrates Sociaux ?
Bien davantage, la terminologie du Centre souvent rattachée à l’ex-UDF renvoie d’abord à l’approche de Valéry Giscard d’Estaing.
L’analyse fondatrice repose notamment sur l’émergence d’un «nouveau centre sociologique» qui correspondait à une analyse possible dans les années 70 mais désormais déconnectée des réalités.
La base conceptuelle de ce parti est aujourd'hui difficilement adaptée à la nouvelle réalité.
Le plus surprenant dans le calendrier,c 'est que le Modem retourne à droite quand le PS met en oeuvre un programme social-démocrate avec Manuel Valls. Et de surcroît après avoir souvent été associé au PS sur les plans locaux de 2008 à 2014.
Le Modem perd ainsi une part de son identité. A compter de 2008, le Modem était sorti du jeu du pouvoir car privé de parlementaires en nombre, privé de titulaires de pouvoirs locaux. Chaque élection a été une réelle descente aux enfers dilapidant une part croissante de l’héritage électoral de l’ex UDF jusqu’à la création d’un concurrent : le Nouveau Centre. Ce nouveau concurrent occupe désormais bien son espace et le retour de François Bayrou à droite semble marquer le renoncement à la présidentielle 2017. La dynamique des régionales apparaissant alors comme une étape importante sur cette évolution.