Elizabeth Warren et la lutte contre Wall Street
Le mode d'Elizabeth Warren auprès d'une partie des militants démocrates est l'illustration des clivages qui peuvent exister au sein de ce parti.
Elizabeth Warren incarne l'intellectuelle rebelle. Professeure de droit à Harvard, spécialisée dans les procédures collectives, Elizabeth Warren est parvenue au Sénat en battant un autre "rebelle" : Scott Brown.
Scott Brown a gagné ses lettres de noblesse en politique en gagnant l'ex circonscription de Ted Kennedy lors d'une élection partielle après le décès de Ted Kennedy l'été 2010. Scott Brown a misé alors toute sa campagne sur une marginalité assumée. Mais une fois au Sénat, Scott Brown a été incapable de "faire entendre sa différence". Il est devenu "indépendant". Mais un indépendant assez mièvre.
C'est là où Elizabeth Warren a fait vivre sa différence. Elle a gagné la course au peuple en battant Scott Brown mais une fois au Sénat Elizabeth Warren a continué le combat. C'est là où elle a conquis le coeur des militants démocrates.
Elle a mené le combat sur des thèmes qui ont dépassé largement les sujets intellectuels qui font souvent les délices de l'Amérique des rivages mais pas de l'Amérique profonde. Le débat majeur a été la responsabilité des élites et tout particulièrement des élites de la finance qui ont traversé la crise de 2008 dans une relative impunité.
Elizabeth Warren a mené ce combat avec continuité mais surtout avec talent. Elle s'est avérée une redoutable procureure transformant des auditions au Sénat en spectacles de mise en accusation de l'élite financière.
C'est ce positionnement qui lui assure ce succès. C'est ce positionnement qui lui assure sa différence face à Hillary Clinton dont les gros donateurs sont des ... financiers de Wall Street.
C'est la raison pour laquelle la présence d'Elizabeth Warren sur un ticket démocrate serait un choc politique considérable. Surtout dans un ticket aux côtés du candidat principal car cette fonction rassurerait des électeurs moins militants ayant ainsi le sentiment que le combat pouvait être mené mais sans confier pour autant à cette rebelle la responsabilité suprême.
Sous cet angle, c'est un excellent coup tactique qui est opéré par Joe Biden.