Donald Trump, réfugiés ... : les nouvelles étapes des Etats spectacles
Les deux dernières décennies ont vu se développer un certain nombre de tendances nouvelles qui ont fondamentalement modifié les équilibres de la vie politique.
Tout d’abord, la généralisation d‘un catastrophisme permanent. Nous sommes passés d’un pessimisme ambiant fort à un catastrophisme où la surenchère à la dramatisation semble ne plus avoir de limite.
Seconde tendance, les images sont les « nouveaux gourous». Les intellectuels sont morts avec SARTRE, ARON. Les hommes politiques sont livrés aux jugements péremptoires et sans appel sur leurs « défauts indécrottables ». Les nouveaux «maîtres à penser» n'ont pas de nom. C'est l'émotion en fonction des images. Et le symbole devient partagé par le plus grand nombre : le nom de chacun.
Enfin, c'est la fin des repères solides. Le doute est partout. Pire, la dérision est très présente. Il est facile de tout tourner en dérision avec les refrains désormais connus de tous :
- face à une nouvelle proposition, il suffit de laisser tomber « et pourquoi ne l’avez-vous pas mise en œuvre quand vous étiez au pouvoir ? »,
- face à un chiffre officiel, il suffit de laisser entendre « vous en êtes sûr ? »,
- face à une promesse, il suffit de commenter « vous dites cela aujourd’hui mais demain... ».
Ces réactions ont sapé et sapent en permanence la fiabilité et la crédibilité de tout débat public. Dans ce contexte, un nouvel « Etat spectacle » est né. Ses terrains sont la compassion et l'agression.
La compassion, il ne s’agit pas tant de lutter contre les drames permanents mais surtout de les accompagner avec l’émotion intense, l’humanitaire. Plus le pays est éloigné et inconnu, plus l’ambition parait grande et mériter le respect, la tolérance. Dans ce domaine, la règle du jeu est simple. Il faut dire en permanence que « tout ce vaut ». Malheur au premier qui cherchera à rétablir des hiérarchies ...
L'agression, car l'opinion est en mal de revanches permanentes. Elle oscille donc entre tristesses et colères.