Deezer et la musique des valorisations
Deezer sera prochainement introduit en bourse. Il est question d'une valorisation à 900 millions d'euros pour une société réalisant 142 millions de CA et 27 M€ de pertes pour l'année 2014.
Seul le seul premier trimestre 2015, les pertes s'élèvent à 9 M€ (contre 12 M€ sur la même assiette en 2014).
Une nouvelle fois, le débat sur les valorisations va s'engager.
Un débat qui peut s'engager dans des conditions nouvelles avec les difficultés de ... Twitter.
Twitter rencontre manifestement des difficultés en ce moment. Des difficultés qui ne doivent ni être sur-estimées ni sous-estimées.
Pas sur-estimées parce que Twitter a conquis une place mondiale de marché qui représente au minimum un actif immatériel de première importance. Parce que le dernier cours en bourse est toujours supérieur au cours d'introduction : 26 € hier au + bas / 19 € lors de l'intro le 07/11/13. Parce que le fichier des utilisateurs est d'une valeur considérable.
Mais pas sous-estimées parce que tout ce qui est "considérable" ne remplace pas la trésorerie dans les caisses. Or c'est ce volet qui pose problème : monétiser l'audience.
En 2000, c'est ce même critère qui a fait exploser la "bulle".
Twitter ne disparaîtra pas parce que la valeur emblématique de la marque est considérable sur un segment de marché où des concurrents ont des trésoreries abondante. Mais c'est peut-être le tournant dans la course à la valorisation engagée ces 12 derniers mois ?
Les valorisations donnaient le sentiment de reposer d'abord sur un multiple de l'utilisateur. C'est un critère qui n'est pas suffisant. Si Twitter devient emblématique des difficultés de la "vague Internet" du début des années 2010, c'est probablement un tournant dans les valorisations.
En 2000, la bulle a commencé par éclater dans le domaine des télécommunications. La confiance a cassé quand s'est ouverte la vague des dépréciations d'actifs mettant un terme entre la valeur réelle et l'estimation d'achat. Quand Vivendi, Nortel, AOL Time Warner .... ont ouvert cette étape, les "belles heures" étaient passées.
C'est ce qu'il faut surveiller dans les prochaines semaines avec Twitter : la valeur sera-t-elle la revanche des fondamentaux de "l'économie réelle" et si c'est le cas des valorisations vont fondre comme neige au soleil.
Twitter ne disparaîtra pas mais peut devenir le marqueur d'un réel tournant ?