Donald Trump et la nouvelle révolution conservatrice

  • Donald Trump

La campagne de Donald Trump est très méthodiquement axée sur les attentes d'une large majorité de son corps électoral de base : les Républicains.

Donald Trump gère cette campagne comme un véritable business plan face à une cible précise. C'est ce qui explique que ses exagérations ne le "disqualifient pas". Son électorat ne les vit pas comme des "exagérations" mais comme des vérités qui n'étaient pas dites.

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Donald Trump a pris quatre sujets de rejets :

1) le politiquement correct,

2) l'islam,

3) les immigrés,

4) les journalistes.

Et il "pianote" sur chacun de ces quatre claviers. Le dernier en date concerne les journalistes.

Donald Trump a conçu sa campagne comme un feuilleton TV avec en trame de fond la dénonciation du politiquement correct. C'est le feuilleton "haines, gloire et beauté". La dernière haine : la polémique avec un journaliste handicapé. Lors d'un meeting, Trump imite le journaliste pour s'en moquer, le handicap d'un reporter, Serge Kovaleski, qui souffre d'après la presse d'arthrogrypose congénitale qui entrave le mouvement de ses articulations, notamment un bras et une main.

Ce journaliste aurait écrit en 2001 avoir vu des musulmans fêter le 11 septembre.

Donald Trump a assuré il y a quelques jours avoir vu des images datant de 2001 et montrant des musulmans aux États-Unis fêtant les attentats du 11-Septembre. Peu après les attaques, la police et des médias américains avaient démenti que des habitants de Jersey City aient applaudi depuis des toits la destruction du World Trade Center.

Face aux déclarations de Trump, le journaliste se rétracte.

«Maintenant, ce pauvre type, il faut voir ce type dire "Oh, je ne sais pas ce que j'ai dit. Oh, je ne me rappelle pas (...) C'est peut-être ce que j'ai dit", se moque le candidat à la présidentielle, en mimant avec ses bras et sa bouche quelqu'un affecté par un handicap physique. Sous les rires de l'assistance.



Un porte-parole du New York Times, cité par le magazine Politico, a qualifié les actes de Trump de «scandaleux».

Dans un communiqué qu'il a tweeté hier, Trump assure qu'il n'a «aucune idée de ce à quoi ressemble M. Kovalski »et il ajoute «Le New York Times devient une énorme plaisanterie - C'est triste !».

Les campagnes électorales américaines ont toujours été violentes. Mais le ton de Donald Trump ajoute à cette ambiance classique. Une situation qui commence à beaucoup donner de la fièvre à ses réunions publiques désormais très tendues, souvent agitées en raison de chocs avec des contestataires.

Mais cette tonalité fonctionne avec une redoutable efficacité. Ce qui en dit long sur l'état d'esprit d'une partie de l'opinion américaine et le discrédit du système médiatico-politique. Sur les principaux sujets, Donald Trump peut compter sur un plancher de 54 % de son coeur électoral qui partage son analyse. C'est donc bien moins risqué qu'il n'y parait à première vue.

Sur des registres différents, c'est un climat assez proche de l'élection 1980 quand sur des registres fiscaux Ronald Reagan changeait alors la donne. En 2016, le créneau est sur l'identité principalement.

  • Publié le 27 novembre 2015

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