Harris Interactive et la notion d'engagement
Dans un contexte de tensions sociales, économiques et politiques et après les attentats terroristes de 2015, les enjeux de mobilisation et d’engagement citoyen ont redoublé d’importance (parfois sous de nouvelles formes d’implication) et suscité de nombreuses réflexions et projets.
La France s’engage est un projet présidentiel lancé en juin 2014. Porté par le Président de la République et animé par Patrick Kanner, ce fonds d'expérimentation a vocation à financer des initiatives d'économie sociale et solidaire. Cette démarche vise à mettre en valeur, par le biais d'un «label présidentiel », des projets « isolés mais prometteurs », portés par des bénévoles (associations, fondations, entreprises) et profitables à la société.
Dans le cadre de son forum, la France s’engage a confié à Harris Interactive la réalisation d’une grande enquête auprès des Français sur l’engagement afin de comprendre les représentations et les pratiques qui y sont aujourd’hui associées.
Quels sont les principaux enseignements de cette enquête ?
Interrogés spontanément sur ce que l’engagement citoyen évoque pour eux, les Français parlent de respect (des lois, des autres, de la France et de ses valeurs), de vote, de solidarité et d’engagement associatif.
De leur point de vue, l’amélioration de la société aujourd’hui passe avant tout par le vote et l’engagement individuel au quotidien au détriment de formes d’engagement traditionnelles qui s’inscrivaient davantage au sein de collectifs (partis politiques et syndicats notamment).
64% des Français considèrent ainsi que le vote contribue beaucoup à améliorer le fonctionnement de la société alors qu’ils ne sont qu’une minorité à juger de même pour le fait de signer une pétition (22%), de s’engager dans l’armée (20%), de donner de l’argent à un sans-abri dans la rue (17%), de manifester (17%), d’être adhérent dans un syndicat (11%) ou dans un parti politique (7%).
Certaines pratiques citoyennes « nouvelles » émergent comme le tri des déchets (60%), la consommation responsable (50%) ou, dans une moindre mesure, le volontariat et le service civique (34%) en tant qu’actions poussant la société dans le bon sens.
Enfin, on constate que ce sont les formes de collectif qui impliquent le plus fortement et le plus directement les individus qui sont aujourd’hui perçues comme les vecteurs de mobilisation les plus efficaces, le bénévolat en association étant la première action « collective » pouvant nettement contribuer à améliorer le fonctionnement de la société (40%) selon les Français.
Un peu plus d’un Français sur deux (53%) se définit aujourd’hui comme un citoyen engagé, et indique plutôt pratiquer ou souhaiter pratiquer des actions à l’échelle individuelle (par exemple 93% pour le tri des déchets ou 86% pour la consommation responsable).
L’engagement au sein de collectifs tels que les syndicats ou les partis politiques apparait plus en retrait (respectivement 32% et 22%), à l’inverse du bénévolat au sein d’association qui séduit davantage les Français (69%).
A l’origine de l’engagement, les Français évoquent en premier lieu le souci des générations futures (43% y voient une motivation très importante) et la volonté de défendre les valeurs de la France (40%).
Dans ce contexte, les acteurs de proximité (71% pour les associations et 64% pour les start-ups) et les citoyens eux-mêmes (68%) bénéficient d’un haut niveau de confiance en comparaison avec les entreprises (48%), les médias (31%) et les pouvoirs publics (28%) pour soutenir des projets innovants.
Enfin, il ressort que la lutte contre le chômage reste l’une des causes les plus prioritaires à soutenir pour la plupart des Français (41%), devant notamment la protection de l’environnement (34%), l’aide aux populations fragilisées et la défense des droits de l’Homme qui sont citées dans un deuxième temps (de 23% à 29% des citations).
Enquête réalisée par internet du 25 au 27 janvier 2016. Échantillon de 1 624 personnes, représentatif des Français âgés de 15 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région d’habitation de l’interviewé(e).