L'instrumentalisation des primaires conduit à la catastrophe
Progressivement, les primaires s'installent au centre du débat politique français comme si elles devenaient une solution à tous les maux.
Avant de revenir sur ce constat, trois préalables s'imposent :
1) il ne faut pas confondre la vie politique aux Etats-Unis avec la vie politique en France. Ce sont deux univers totalement différents. Par conséquent, intégrer les primaires dans la politique française parce que ce processus fonctionne bien aux Etats-Unis n'a pas de sens,
2) dans une démocratie, est-il naturel que le candidat soit choisi par le peuple ou qu'il soit désigné par une hiérarchie ? La réponse est naturellement le choix par le peuple. Si c'est aussi évident que cela, pourquoi la France a-t-elle dû attendre 2016 pour que les primaires s'imposent à ce point ?
3) parce que les primaires sont, une fois de plus, utilisées dans un cadre instrumentalisé pour donner l'image d'une réforme que la France est incapable de conduire par ailleurs.
Le vrai doute des Français : l'absence de réponse à une question de fond : une démocratie ça sert à quoi si elle ne règle aucun des problèmes ? Sous cet angle, on voit rapidement que les primaires ne correspondent pas à l'ampleur de la question. Elles vont ripoliner une pièce quand l'opinion veut changer toute la maison.
C'est donc un pas de plus vers une déception collective.
Les vrais enjeux sont ailleurs :
- la conception même de la fonction des partis politiques,
- la réforme des financements publics de la politique française,
- la réforme de la législation sur la communication publique dont l'autorisation de la publicité commerciale,
- la réforme du contrôle des comptes de campagnes par la départementalisation des instances de contrôles et non plus par un régime déclaratif national totalement inadapté à une surveillance réelle,
...
Une fois de plus, la France transforme un simple moyen en une fin en soi. Pas sûr que dans l'état actuel de ce pays, cette erreur volontaire ne soit pas une faute grave ?