François Bayrou devient un personnage central de la primaire
Avec la primaire de la Droite et du centre, François Bayrou peut-il revenir dans la course du pouvoir national ?
Pour le moment, François Bayrou s’est satellisé dans un autre univers. Celui d’une «autre division» de second ordre qui proteste, qui analyse, qui commente mais qui ne fait pas le pouvoir ni présent ni futur.
Le jeu moderne du pouvoir ne connaît pas ce positionnement. François Bayrou est devenu un acteur du «divertissement politique» mais pas un acteur du «pouvoir politique». En réalité, depuis 2012, l’après présidentielle a confirmé trois tendances lourdes qui ont été autant de faiblesses du centre.
Quand un parti politique ne compte pas un présidentiable crédible, il est désormais réduit à l’allégeance ou à l’hostilité.
A maints égards, François Bayrou parait devenu un «Michel Jobert» des temps modernes. Michel Jobert avait créé le «mouvement des démocrates » dans les années 1970. Esprit particulièrement brillant, il s’estimait porteur d’une certaine vérité et d’un comportement juste refusant une approche manichéenne de la vie politique. Cet «ailleurs» n’a jamais existé.
Ensuite, second facteur de faiblesse, que recouvre aujourd’hui réellement le Centre comme courant de pensées ? La filiation dominante existe-t-elle avec l’ex Parti Républicain ou l’ex Centre des Démocrates Sociaux ? Bien davantage, la terminologie du Centre souvent rattachée à l’ex-UDF renvoie d’abord à l’approche de Valéry Giscard d’Estaing. L’analyse fondatrice repose notamment sur l’émergence d’un «nouveau centre sociologique» qui correspondait à une analyse possible dans les années 70 mais désormais déconnectée des réalités. La base conceptuelle de ce parti est donc difficilement identifiable.
Enfin, dernier facteur de difficulté, quel est le pouvoir d’évocation populaire de ce parti ?Derrière ce terme se profile une question simple : où est la «promesse d’offre» qui peut justifier un vote ou un engagement en son sein ? Ceux qui se reconnaissent dans un clivage binaire peine à identifier les "nuances" du Centre. Ceux qui veulent d’abord partager le destin présidentiel d’un leader «providentiel» ne trouvent pas le charisme nécessaire ni les promesses de résultats électoraux dans l'actuel Centre.
Ceux qui vivent leurs votes par et pour la protestation ne retrouvent pas dans le programme du Centre ni la matière nécessaire sur les enjeux majeurs ni l’historique de combats emblématiques.
Ces trois facteurs signifient que, sans rebondissement majeur et rapide pour convaincre d’un nouvel ancrage clair, la logique à terme paraît de nature à l’inscrire dans un espace de plus en plus réduit et anticiper de réelles questions de survie. Avec la primaire de la Droite et du Centre, le Centre joue sa survie dans un univers politique qui se radicalise.
Alain Juppé va devoir clarifier la place de François Bayrou dans le périmètre de son éventuelle nouvelle majorité présidentielle. Faute de le faire, il donnera le sentiment de devoir "cacher" un accord, ce qui serait un réel poids dans le sprint final. Et l'électorat de Droite acceptera-t-il cette place ainsi affirmée ? C'est l'un des tournants de l'actuelle primaire.