Le capital risque en forme au Canada
Le dernier rapport de Pricewaterhouse Cooper (PwC) Canada vient d'être publié. Une hausse de 7 % du capital risque en 2016 au Canada.
Pour l'ensemble de l'année dernière, Toronto a vu la somme de ses investissements bondir de 10 % et atteindre 578 millions $ contre un gain de 8 % à Montréal avec 334 millions $.
Pas moins de 43 % du financement canadien est versé à des entreprises du secteur de l'internet, dans 121 transactions d'une valeur moyenne de 7,1 millions $ chacune.
«Les investissements dans le secteur de l'internet ont continué de croître en raison des initiatives de transformation numérique menées dans tous les secteurs par des entreprises qui perçoivent le web comme la principale voie de communication», a expliqué Philip Heywood, associé chez PwC.
Au deuxième rang se hissent les entreprises des secteurs des technologies mobiles et des télécommunications avec 242 millions $ en investissements, motivés notamment par de plus en plus de consommateurs qui adoptent des appareils mobiles.
Toujours selon le rapport de PwC Canada, le secteur de la technologie devrait continuer de prospérer et l'émergence de ces entreprises fera en sorte de stimuler la créativité.
C'est une situation qui mérite l'attention. C'est un sujet qui doit être considérablement amélioré en France. 4 griefs peuvent être effectués à la France en la matière :
1) Il n'y a pas assez de "vrais capitaux risqueurs" pour effectuer le bond après la création. La France se flatte d'être le pays des start-up. Mais au-delà ? Les analyses par exemple sur les présents au Salon CES sont terribles en la matière avec un taux de mortalité particulièrement élevé. La faiblesse de la France réside dans le "second tour de table" pour donner le second souffle après la naissance.
2) Le réseau français des business angels trouve vite ses limites. Leurs placements sont très limités. Ils ne sont pas à la hauteur du véritable développement. C'est d'ailleurs la raison fondamentale pour laquelle la France manque de leaders mondiaux à partir de créateurs d'entreprises.
3) Cette absence de véritables capitaux risqueurs conduit à souvent recourir au LBO qui est un mécanisme redoutable par temps de crise économique. Par temps de crise, le LBO se heurte rapidement aux remontées asséchées si la société cible est en difficulté. Dès lors, c'est tout le mécanisme du LBO qui devient précaire, voire même condamné. Mais comment financer des croissances externes si les capitaux risqueurs font défaut et si les fonds propres ne sont pas là ?
4) L'absence des capitaux risqueurs en France s'explique surtout parce que le capital risque reste dans le giron de grands institutionnels. Or cette logique est quasi-contraire à l'esprit du capital risque anglo saxon qui repose sur des fortunes privées. La fortune privée a une marge de manoeuvre totale puisqu'elle joue son argent et non pas "l'argent collectif" d'institutions. Pour que la France corrige cette faiblesse, c'est tout le régime fiscal du capital risque qui doit être révisé de façon totale. Tant que cette révision n'est pas opérée, la faiblesse se renforcera.
Enfin, à part quelques exceptions, il faut aussi noter que globalement la France s'appauvrit. Des grandes fortunes l'ont quittée.
Or sans capital risque fort, performant, c'est toute la place de l'inventivité qui est bridée. Dans l'économie moderne, c'est un handicap considérable qui ne peut que conduire à terme à un déclassement économique majeur.