James Comey et l'étape désormais décisive des enregistrements
Loin de calmer le jeu, par Twitter aujourd'hui, Donald Trump en rajoute. « Malgré tant de faux témoignages et de mensonges, confirmation totale et complète... et WOW, Comey est à l'origine des fuites ! », a écrit Donald Trump sur Twitter, le réseau social dont il est familier mais qu'il s'était gardé d'utiliser pendant l'audition de M. Comey laissant à son avocat personnel le soin de communiquer.
L'étape de l'audition d'hier était d'abord celle de l'ouverture des débats sur les faits. L'audition d'hier de James Comey devrait probablement être diffusée dans de nombreux cycles de formation universitaire. C'est l'un des exemples les plus réussis de la revanche des faits.
Avant d'exprimer une opinion, il vaut toujours mieux connaître les faits précis. Réflexe perdu en France. Avec sa formation de juriste, Comey a respecté avec rigueur cette discipline : des faits, des mots, des circonstances. Et ensuite, mais ensuite seulement, il y aura débat sur le point de savoir comment prononcer la qualification des faits établis. Au pays du paradis de l'approximation qu'est devenu la France (chiffres publics faux, mots détournés en permanence de leur sens initial ...), c'est un exercice très sain de voir des parlementaires mener une investigation sérieuse pour établir la réalité matérielle des faits. Le jour où la France sera à ce niveau sur un dossier comparable, l'anti-parlementarisme actuellement si répandu devrait connaître une chute de forme.
Compte tenu de la gravité des accusations portées par James Comey, la bataille va s'ouvrir sur les enregistrements puisqu'il faudra faire le choix entre deux versions différentes.
Pour rappel, les semaines à venir s'annoncent comme une réelle période de fortes turbulences après le témoignage de l'ex-directeur du FBI James Comey. «J'estime qu'il m'a limogé à cause de l'enquête russe», a indiqué James Comey en répondant aux questions pendant plus de deux heures et demie. «Le but était de modifier la façon dont l'enquête sur la Russie était conduite. C'est très grave». L'ancien directeur a blâmé Donald Trump pour lui avoir intimé d'abandonner un volet de l'enquête russe sur un proche, Michael Flynn. Il a accusé l'administration Trump de diffamation et de «mensonges». Et sous-entendu que le président lui-même était un menteur. James Comey a raconté en détails sa gêne lors de conversations privées avec le locataire de la Maison-Blanche, minutieusement décrites dans un texte publié la veille. Comey avait décidé dès sa première rencontre avec le président élu, en janvier, de consigner ses échanges avec lui. «Je craignais honnêtement qu'il ne mente sur la nature de notre réunion», a-t-il justifié, une déclaration extraordinaire concernant un président en exercice. Dans la foulée de telles accusations, et après la nomination d'un Procureur spécial, les prochaines semaines s'annoncent très violentes.
Pour sortir de versions radicalement différentes, la question de l'enregistrement sera vite évoquée.