John Boehner et le marqueur décisif du 25 septembre 2015
Quand John Boehner a démissionné de sa fonction de Speaker de la Chambre des Représentants le 25 septembre 2015, mais aussi dans la foulée de son mandat de membre de la Chambre des Représentants, la presse était déjà très engagée dans le lancement des primaires pour accorder la juste place à cette décision. Et surtout aux raisons de cette décision.
John Boehner était un élu de l'Ohio, de l'"Amérique profonde". Elu sans discontinuer de 1991 à 2015. Très éloigné du format de Washington, John Boehner était souvent moqué pour son émotion vive qui pouvait le conduire à ne pas résister au fait de pleurer en public, ce qu'il allait faire notamment quelques jours avant sa démission lors de la visite du Pape à Washington. Mais John Boehner était surtout un élu du terrain, simple, proche, désireux de servir sans plan de carrière personnelle. Quand il démissionne, il dresse le constat que les deux tendances du Parti Républicain ne parviennent plus à s'entendre. Qu'elles sont incompatibles, irréconciliables. Et depuis cette date, c'est la descente aux enfers pour le Parti Républicain. Aucun de ses leaders n'a été audible pendant la primaire. Donald Trump a battu tous les caciques du Parti Républicain. Et dans des conditions d'hostilité manifeste.
Puis Donald Trump élu, il n'a jamais cherché à trouver un terrain d'entente avec les élus Républicains. Il a considéré que son élection au scrutin fédéral lui donnait une légitimité supérieure à celle des autres élus. Mais Donald Trump a une faiblesse majeure double. D'une part, il a sur-estimé sa capacité à dominer les jeux classiques des négociations parlementaires. Et d'autre part, il a vite décroché dans l'opinion. Avec ces deux "failles", la prise de Donald Trump sur les parlementaires s'est terriblement fragilisée. Par conséquent, sa capacité à faire passer "ses textes" est devenue de plus en plus aléatoire.
Avec l'Obamacare, Donald Trump est confronté à deux nouveaux défis. D'une part, les médias transforment en "héros" ceux qui s'opposent à lui. Un constat qui risque de susciter de nombreux vocations. Mais surtout, d'autre part, des élus de plus en plus nombreux se font les défenseurs des accords larges. L'opinion se lasse des oppositions frontales permanentes. Face à ces deux nouveaux défis, Trump est très isolé. Le marqueur du 25 septembre avait été mal interprété. John Boehner n'avait pas démissionné par cause de faiblesse ou de manque de charisme personnel mais parce que le Parti Républicain est bel et bien en difficulté profonde structurelle liée à l'impossibilité de faire travailler ensemble ses radicaux et ses modérés.