Patagonia et la philosophie du Worn Wear
Patagonia et sa belle opération Worn Wear : les vêtements à réparer. Avec cet effort, la planète est allégée d'une gestion de "déchets de vêtements" qui a été chiffrée à des dizaines de milliards d'euros. Mais surtout, un vêtement porte une histoire. Réparer un vêtement c'est respecter une séquence de sa vie.
Voilà une belle philosophie. C'est une satisfaction de constater qu'une marque aussi forte que Patagonia se lance à juste titre dans une campagne de ce type refusant la course permanente à l'éphémère et au jetable immédiat. Le vrai tournant actuel, l'éclosion d'une "génération si j'veux". C'est un état d'esprit qui change tout. Les conduites individuelles échappent aux codes, aux instructions, aux normes, aux affectations classiques.
Le marché privé a déjà donné le signal de départ. L'économie dite collaborative vit sur cette mentalité à la caricature sur toutes les étapes de la chaîne. Le marché va même plus loin actuellement dans le refus des codes par exemple dont celui de céder à l'hyper-consommation vestimentaire à l'exemple des campagnes Patagonia qui connaissent un succès accéléré : l'équipement vieux durable vaut le neuf ou le refus de céder à la consommation éphémère.
Cette mentalité du choix individuel change tout. Sur le fond, c'est un immense progrès puisque c'est d'abord l'affirmation de la responsabilité et de l'autonomie individuelles. C'est une avancée de liberté.
Cette avancée de liberté change totalement la donne pour la vie politique. C'est la fin des directives qui tombent du haut. C'est l'inversion des tendances. Le devenir ne doit plus descendre du "sommet" pour être voué à être appliqué par la "base". Le devenir doit monter de la base. La base qui a compris qu'elle a pour elle le nombre et que c'est elle qui finance le système. La "base" a compris que, dans une démocratie d'opinion, elle est le "sommet" ! Le socialisme historique et l'étatisme y compris de droite sont des hors jeux culturels dans ces circonstances.
Plus tardivement la classe politique détachée des réalités du marché acceptera ce tournant, plus elle se fragilisera dans une gouvernance qui devient insupportée. C'est le vrai divorce idéologique actuel en France.
Des vainqueurs immédiats vont résulter de cette nouvelle mentalité. L'environnement sera le grand gagnant. Dès que chacun a conscience que l'environnement dépend d'abord des comportements individuels quotidiens, c'est un pas en avant considérable.
Les politiques français n'ont pas encore pris ce tournant. Il leur est demandé de faire peu mais bien sur des fonctions collectives que, par définition, les individus ne peuvent pas traiter : ordre public, sécurité internationale ... Mais pour le reste, il faut maintenant accepter la place de la liberté individuelle. Donc moins réglementer dans le détail. Moins administrer. Moins encadrer.
Cette génération "si j'veux" va changer beaucoup de vieilles habitudes. Il y a de nouveaux équilibres collectifs à trouver pour ne pas sombrer dans l'anarchie avec un tel changement. Mais c'est une évolution intéressante à vivre. C'est toute la philosophie de l'opération Worn Wear portée par Patagonia.