Facebook, Twitter ou Google et la fin impossible des permis de mentir
Le RussiaGate commence à entraîner ses victimes collatérales. Avec les auditions de Facebook, Twitter et Google, ces réseaux sociaux de référence vont devoir ouvrir une nouvelle étape : la fin des permis de mentir ou de haïr. Une mission impossible dans la réalité des évolutions.
Les supports traditionnels d'informations ont de multiples filtres. Par conséquent, une information fausse se heurte à de nombreux points de passages. Chaque point de passage est le moyen de la supprimer. Avec les réseaux sociaux, le circuit est différent. Certes il existe des modalités de modération mais fondamentalement le dispositif est celui du circuit court, avec de nombreuses possibilités de fausses identifications donc des espaces considérables pour l'anonymat et surtout une internationalisation des localisations qui constitue un bouclier considérable. Chacune de ces caractéristiques peut être la niche idéale pour des fausses informations. Mais ce potentiel est considérablement augmenté par un phénomène global : la thèse complotiste. Il ne suffit pas qu'une information soit vraie, il faut d'abord qu'une information soit perçue comme vraie. Les médias traditionnels ont perdu la bataille du vrai. Dans ce contexte, avec les possibilités des réseaux sociaux,les manoeuvres sont considérables pour manipuler l'opinion. Les modalités de manipulation sont immenses.
Ces modalités peuvent-elles être totalement restreintes ? Non. En réalité, l'enjeu est dans la mise en oeuvre de contre-pouvoirs capables de vite mettre en oeuvre des opérations de fact checking pour rendre une place aux faits. C'est bien l'enjeu de ce contre-pouvoir qui doit être la priorité. Pour le reste, c'est demander à Facebook, Twitter et Google de s'engager dans une mission impossible : filtrer les informations pour empêcher les fake news notamment. Il vaut mieux la liberté avec des fake news que l'absence de fake news par absence de liberté.