Boston : remarquable portrait de Mike Dukakis dans le Boston Magazine
C'est un reportage vérité que l'on aimerait lire plus souvent. Le sujet : comment vit Mike Dukakis à l'âge désormais de 84 ans ? Dans les années 80, il était le candidat démocrate voué à mettre un terme aux "années Reagan". Pendant de longs mois, il est en tête de la présidentielle. Puis tout bascule sous l'impact de campagnes négatives : son supposé laxisme sur les questions internationales. Une décision de relaxe sur un meurtrier de Boston. L'état du port de Boston. Et après cette campagne très agressive, la présidentielle bascule en faveur de Bush père.
En 1988, Mike Dukakis, c'est l'Amérique "modérée" face à l'Amérique "forte" des années Reagan. Seulement, à l'issue des deux mandats de Reagan, "l'Amérique forte" doit être incarnée par un Vice-Présient sortant très effacé. Un décrochage entre l'image voulue par le Parti Républicain et son candidat. Ce d'autant plus que ce VP effacé choisit comme co-listier Dan Quayle, encore plus effacé.
Le Parti Républicain constate qu'il va perdre. Il lance alors la plus vaste campagne négative jamais connue jusqu'alors. Il ne s'agit plus de faire gagner Bush senior mais de faire perdre Dukakis. Tout y passera même avec des distorsions manifestes avec la réalité des faits. Tout y passera y compris jusqu'à des allusions à peine voilées sur l'équilibre psychologique de son épouse. Et Dukakis va perdre. Une nouvelle "logique" de campagne électorale vient de naître. C'est ce constat qui donnera naissance à la logique de "war room" lors de la présidentielle suivante pour monter des ripostes immédiates et surtout livrer la bataille sur le terrain des campagnes négatives.
Boston Magazine a consacré mardi un reportage magnifique à Mike Dukakis. Cet article du Boston Magazine, c'est un reportage simple : comment vit Dukakis 30 ans plus tard ? Que disent ses voisins ? Comment se comporte-t-il 30 ans plus tard ? Une photo résume tout. Des baskets aux pieds, un symbole comme dans "le bonheur est dans le pré" ou quand on découvre la douceur des Nike ... Le pantalon chino si populaire à Boston. Mais le clin d'oeil du blouson de cuir. C'est la question qui manque dans le reportage car c'est un symbole fort attaché à la campagne 88. Au moment où Dukakis subit les assauts sur son "pacifisme", Bush ressort son blouson supposé symboliser son passé d'aviateur pendant la seconde guerre mondiale. Les symboles vestimentaires devaient alors creuser le fossé entre d'un côté le "pacifiste" (Dukakis) et d'un autre côté le "guerrier" (Bush père) avec le blouson comme symbole. Voir Dukakis, 30 ans plus tard, avec un blouson de cuir doit avoir une signification. Mais ce volet mis de côté, tout le reste est un pur délice.
A 84 ans, il enseigne toujours. Il part sur le chemin avec un sac plastique pour ramasser les détritus puis les déposer dans une poubelle. Il prend le métro ... Il vit comme il avait été candidat : en promettant de la modération et de la simplicité. C'est dommage que les campagnes électorales demandent ce brin de folie et de démesure qui fait souvent les vainqueurs. Parce que c'est quand même agréable et rassurant de constater de tels exemples d'humilité, d'équilibre, de paix intérieure dans la vie de tous les jours.