Dette publique française : Bruno le Maire prépare les Français à un virage majeur
Ce matin sur LCI, Bruno le Maire a officialisé l'entrée dans un nouveau cycle : la hausse des taux d'intérêt. C'est une nouvelle donne majeure pour l'Etat français.
Des repères simples sont nécessaires. 1) Sur 2017, pour sa structure courante de fonctionnement, l'Agence France Trésor a chiffré son besoin de financement à 185 milliards d'euros. 2) De 2012 à 2016, les intérêts annuels de la dette ont baissé de 5 milliards d'euros alors même que le capital de la dette augmentait sur la même période de 277 milliards d'euros. C'est dire combien la structure de fonctionnement de l'Etat a reposé sur un endettement croissant dont les effets ont été modérés artificiellement par la baisse des taux d'intérêt. 3) Si les taux d'intérêt augmentaient progressivement pour parvenir à un taux "moyen" d'avant crise 2008 , c'est une augmentation de 18 milliards d'euros à compter de la 3 ème année c'est à dire à année pleine compte tenu de l'actuelle structure de l'endettement de l'Etat français. Or le propre de la dette c'est que le loyer de l'argent doit être payé sans contrepartie de nouvelles prestations. Le mur est là.
Face à ces réalités, on commence à percevoir le mécanisme mis en place ces derniers mois par Bercy pour protéger l’Etat dans ce nouveau cycle. 3 sources de refinancement pour l’Etat sont engagées : 1) il mobilise les structures de l’Etat à forte trésorerie classique (logement, agences de l’eau, formation …) 2) Il annonce vouloir vendre une partie de ses actifs donc privatiser certaines de ses participations dans des entreprises. 3) Il va demander un effort aux collectivités locales en baissant les dotations d’Etat. Ce cycle est engagé. C’est une nouvelle donne majeure. Tout particulièrement pour les collectivités locales.
Mais cette politique doit compter avec les réalités de l'opinion. Or, un récent sondage de l'IFOP (*) met en relief les contraintes en la matière.
Alors qu’ils se déclarent inquiets en pensant au déficit public et à la dette de l’Etat (à 75%), les Français n’ont jamais été aussi peu à se dire prêts à faire des efforts pour redresser les comptes du pays : ceux-ci représentent à peine 40% aujourd’hui, alors qu’ils étaient 49% en juillet 2017 et jusqu’à 67% en juillet 2012. Face à ce constat, la marge de manœuvre de lutte contre la dette semble être du côté de la dépense publique. A cet égard, 48% des Français estiment que la santé publique est le domaine prioritaire où il faut améliorer l’efficacité de la dépense, devant l’éducation (37% de citations), les politiques de l’emploi (36%) et la sécurité intérieure (30%). Dans ce contexte, 45% des personnes interrogées s’attendent à ce que le Président de la République et le Gouvernement parviennent à faire diminuer la dépense publique d’ici à la fin du quinquennat, et 40% pronostiquent une baisse de la dette publique.
NB (*) : Echantillon de 1026 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, catégorie socio-professionnelle) après stratification par région et catégorie d'agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing) du 9 au 12 février 2018.