Robert Kennedy : le vrai socle des années Kennedy
17 mars 1968, Robert Kennedy débute sa campagne électorale pour la présidentielle. Le jour le plus attendu pour la campagne dramatiquement la plus courte. Le plus attendu car dès le lendemain du décès de John Kennedy, la candidature de son frère Robert rythmait la vie politique américaine.
Mais une campagne si courte : 3 mois. Courte mais dense tant pendant cette période Robert Kennedy est parvenu à donner un sens à de nombreuses causes : Vietnam, égalité raciale, pauvreté ... Avec la qualité de ce contenu, Robert Kennedy a montré combien il avait été le socle des années Kennedy. Les années Kennedy ont existé certes par le charisme de John Kennedy mais bien au-delà par le rôle de 3 personnes : Ted Sorensen, Pierre Salinger et Robert Kennedy. En dehors des moyens financiers accordés par Joe Kennedy, moyens sans lesquels cette campagne de 1960 n'aurait jamais pu porter autant d'innovations et d'ampleur.
Ted Sorensen était la plume. Dans son ouvrage sur Kennedy, il montre la méticulosité qui fut la sienne pour ciseler les formules, pour effectuer des discours de nature à entrer dans l'Histoire. Parce que John Kennedy avait le sens des images, il lui fallait un contenu solide pour ne pas risquer d'être réduit aux seules images.
Pierre Salinger a inauguré en 1960 le rôle moderne de l'attaché de presse. Il a été le premier à cette époque à considérer et mettre en oeuvre une relation de confiance avec la presse dont les multiples correspondants "locaux" aux Etats-Unis.
Robert Kennedy a d'abord été un organisateur puis le défenseur des valeurs solides des années Kennedy. L'organisateur qui a parcouru les Etats pour structurer l'organisation locale. Là aussi, la lecture des ouvrages des principaux intéressés met en relief un professionnalisme d'avant garde. Mais Robert Kennedy défendait aussi, voire surtout, des valeurs fortes d'une "autre Amérique". Quand il va s'engager dans la présidentielle 1968, il va ouvrir des perspectives novatrices que son frère John n'avait probablement jamais osé endosser à ce point. L'opinion voit trop souvent "Bobby", le frère dévoué de John. Le second. L'aide. Le fidèle d'entre les fidèles. Mais Robert Kennedy est probablement celui qui aurait fondamentalement changé l'Amérique en cas d'accession à la présidence. Sa campagne a été l'un des vrais tournants de l'Histoire des Etats-Unis.