Et un livre de plus sur John Kennedy Jr ...
Un livre de qualité doté d'un titre pourtant inapproprié. Mais un livre qui met en relief les données majeures du leadership : maîtriser les images et les mots qui font les symboles lisibles par chacun.
Le livre d'Olivier Royant "John, le dernier des Kennedy" est intéressant dans son contenu mais ouvre le débat sur son titre. John Jr peut-il être considéré comme le "dernier des Kennedy" quand deux autres paraissent particulièrement prometteurs ? D'abord, Joe Kennedy III qui encore tout dernièrement a été choisi par le Parti Démocrate pour donner la réplique au discours de Donald Trump sur l'état de l'union. Mais surtout, Jack Schlossberg, fils de Caroline Kennedy, qui semble à ce jour la "synthèse la plus réussie" du "mythe Kennedy". Du charisme mais aussi du contenu. Car il faut bien avoir à l'esprit que, dans l'actuel concert des médias, la vie de JFK l'aurait éliminé très rapidement de toute course politique. Quant à John Jr, son parcours a été pour le moins chaotique et bien éloigné de repères de qualité s'il n'avait pas été auréolé d'un "nom magique". Le niveau d'exigence de l'opinion a beaucoup progressé. L'image compte. Beaucoup. Mais elle ne peut pas effacer tout le reste. Avec Jack Schlossberg, le meilleur des Kennedy est peut-être à venir ... ?
Mais l'intérêt de ce livre réside dans la mise en évidence permanente de fondamentaux intemporels du leadership : des images et des mots symboles.
Un exemple mondial. Le 26 juin 1963, JFK est à Berlin. Il prononce un discours qui fait l'Histoire avec une formule "Je suis un Berlinois" qui est une première formule universelle à ce point que sa structuration sera reprise plus de 50 ans plus tard "Je suis Paris, Nice, Londres ..." en fonction d'épreuves collectives dramatiques face au terrorisme des années 2015 et 2016. Quelques mots trouvent alors une force particulière parce qu'ils résument un sens, une direction collective.
Un passage de son discours fait le tour du monde :
« Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quelle est la grande différence entre le monde libre et le monde communiste.
Qu'ils viennent à Berlin !
Il y en a qui disent qu'en Europe et ailleurs, nous pouvons travailler avec les communistes. Qu'ils viennent à Berlin ! Lass sie nach Berlin kommen !
Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n'est pas parfaite. Cependant, nous n'avons jamais eu besoin, nous, d'ériger un mur [...] pour empêcher notre peuple de s'enfuir. [...] Le mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n'éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux une offense non seulement à l'histoire mais encore une offense à l'humanité. [...]
Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des citoyens de Berlin. Par conséquent, en tant qu'homme libre, je suis fier de prononcer ces mots : Ich bin ein Berliner ! ».
C'est tout le problème de l'époque présente. Aucun leader occidental n'a encore trouvé les mots et les lieux porteurs de symboles universels pour parler ainsi à toute la communauté internationale au sujet de causes planétaires (environnement, terrorisme, climat ...). Ce sont pourtant de tels moments qui font bouger les frontières et pas les textes officiels. Sous cet angle, les "nouveaux Kennedy" se font en effet terriblement attendre dans les démocraties occidentales.