Bernie Sanders et les vrais défis qu'il pose au Parti Démocrate
Bernie Sanders, c'est le "Mélenchon" américain. Sauf que depuis l'incident de son meeting de Portland (Oregon) en mars 2016, Bernie Sanders a conquis un coefficient de sympathie qui change la portée de son discours.
Lors de la campagne 2016, l'opinion publique américaine a découvert 2 Bernie Sanders. Celui d'avant mars 2016 et celui d'après. Le tournant est simple, imprévisible et non programmable. Lors de son meeting à Portland, un oiseau vient se poser sur son pupitre. Calmement. Et Sanders devient sympa. Il respecte l'oideau, lui parle presque. Il sourit. Il a changé d'image.
En une soirée, il est devenu "Bernie" pour de bon. Le regard a changé sur lui. Jusqu'à cette étape, Bernie Sanders exprimait des rages, des colères. Et il en était le porte-voix dans le contenu comme dans la forme. Il était totalement décalé face aux autres candidats. Depuis l'Oregon, il est devenu sympathique et c'est une donne fondamentale. Parce qu'avec intelligence, Bernie Sanders a compris que son message pouvait être encore plus fort avec le sourire. Ce message, c'est un défi de fond pour le Parti Démocrate : l'existence d'une vraie gauche dans la politique américaine.
Jusqu'alors, cette option n'a jamais été sérieusement explorée par des candidats capables de gagner. Pour une raison simple, l'option les condamnait à la défaite. Bernie Sanders mobilise à gauche ce que le populisme de Trump permet de ratisser à droite. Si Bernie Sanders gagne encore quelques points dans l'électorat Démocrate, il deviendra très difficilement contournable sur la route de 2020. Il fera le candidat Démocrate soit parce qu'il sera ce candidat Démocrate soit parce qu'il fera la majorité du candidat pouvant être désigné par le collège Démocrate. Et cette perspective, c'est un défi considérable pour le Parti Démocrate. Parce qu'il annonce une exposition d'une vraie ligne de fracture entre ses radicaux et ses modérés. Or, si cette ligne de fracture se consolide, elle porte l'échec en elle. Pour deux raisons, les radicaux mobilisent l'électorat Républicain et ils démobilisent les Démocrates modérés qui refusent d'aller aussi loin dans le "choc des classes". Bernie Sanders porte en lui le même défi que Trump chez les Républicains : il ne permet pas de rester dans le flou pour la ligne doctrinale. Et ce rendez-vous, le Parti Démocrate a tout fait pour l'éviter en 2018 mais Sanders va l'imposer sur le chemin de 2020.