Yvon Chouinard et Patagonia ou la bataille contre la fin d'un monde
Yvon Chouinard et son entreprise Patagonia mènent une bataille contre la fin d'un monde. C'est cet objectif qui les a mobilisés en faveur de la reconnaissance puis de la protection de sanctuaires naturels. Et maintenant, c'est notamment le combat pour la défense de rivières dans les balkans.
C'est une bataille difficile parce qu'en réalité une très large majorité ne parvient pas à croire l'enjeu même : la fin d'un monde. Et par définition, c'est très difficile de mener une bataille quand l'objectif est peu visible.
Les peurs ont beaucoup envahi le débat public. Mais curieusement la peur de la fin d'un monde ne s'est pas installée.
Plus de 70 % de nos concitoyens sont pessimistes quant à leur proche avenir.
Deux facteurs contribuent à cet état d’esprit. Non seulement, pour la première fois à ce point, personne n’est sûr que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Mais encore bien davantage, l’avenir devient source d’anxiété car il ne contient aucune prévisibilité rassurante. Chômage, terrorisme, garanties sociales menacées, sécurité alimentaire plus précaire…tous ces termes sont le miroir de détresses et d’impasses.
De détresses et d’impasses car les issues positives semblent systématiquement absentes. C’est d’ailleurs une caractéristique inhabituelle que de chercher ainsi des solutions sans les trouver qu’elles viennent du policier, du médecin, du père, du législateur, des économistes….
Apparemment tout le monde sait bien quelles questions il convient de poser mais à chaque fois les réponses divergent. Bien plus, les réponses semblent sans prise sur la réalité. Il y a pourtant une réalité qui pourrait être conservée : les sanctuaires naturels et les états naturels aujourd'hui disponibles. Là, il ne s'agit pas de changer mais de maintenir en l'état.
L'impuissance frappe la capacité à changer mais aussi celle de maintenir en l'état quand c'est nécessaire. C'est là où la bataille d'Yvon Chouinard et de Patagonia est atypique. Elles consistent à susciter une prise de conscience.
Et si demain dans un monde particulièrement imprévisible, il y avait quand même des endroits au moins maintenus en état. Une bataille qui demande encore beaucoup d'efforts à l'exemple de l'actuelle sur les rivières sauvages des balkans. La bataille contre la fin d'un monde.