Kristi Noem attaque Marty Jackley sur le mouvement #MeToo
C'est l'attaque qui montre, si besoin était, combien les sondages doivent inquiéter Kristi Noem. Elle lance une vidéo contre Marty Jackley accusé de ne pas s'être mobilisé pour la défense de femmes harcelées.
Avant les primaires de mardi, deux enseignements s'imposent déjà. 1) "DC Politician" : c'est la première attaque qui plombe. Plus que jamais le score se fait sur l'élimination des autres. Etre accusé d'être un "politicien de Washington", c'est la "galère" assurée. 2) MeToo aura structuré les élections. Pour neutraliser des candidats. Pour fragiliser d'autres. Pour faire la différence.
Car une fois de plus, les campagnes négatives feront la différence.
Dans le monde politique américain, la campagne négative repose sur un bon sentiment : celui du « citoyen averti ».
Le « citoyen averti » est à la démocratie ce qu’est le « consommateur averti » doit être à la consommation quotidienne. C’est celui qui sait déchiffrer les fausses promesses, poser les bonnes questions, ne se laisse pas piéger par les annonces racoleuses…
Mais comment construire « un citoyen averti » ?
Sous cet angle, c’est simple. Il s’agit d’abord de dénoncer les « complots du concurrent ». Il s’agit ensuite d’appliquer la « publicité comparative ».
En ce qui concerne la notion du « complot », l’axe consiste à dénoncer publiquement les comportements qui portent atteinte à la considération des consommateurs ou des citoyens.
Les premiers pratiquent alors le boycott des produits désignés pour cibles.
Les seconds votent contre les candidats ou contre les responsables qui ne respectent pas certaines valeurs.
Aux USA, cette logique crée une véritable dictature du consommateur ou du citoyen et malheur à l’entreprise ou à l’élu qui entre dans le collimateur de groupes de pression qui organisent alors une clameur qui emporte presque tout sur son chemin.
Cette clameur est d’autant plus redoutable qu’elle ne vise pas toujours à établir une stricte matérialité des faits mais à convaincre que le vrai est révélé.
C'est la différence entre « l’objectivement probable et le subjectivement certain ».
Dans une époque qui se dit scientifique, la place de ce que le groupe social croit vrai n’a probablement jamais été aussi grande.
Le réel importe moins que ce qu’on croit qu’il est.
Là réside tout le danger et toute la perversité des campagnes négatives.
Elles constituent une structuration du corps social et le rendent ensuite quasi imperméable à des considérations plus objectives.
Le second moyen réside dans la « publicité comparative ». De nombreuses comparaisons peuvent intervenir en politique.
Il est ainsi possible de comparer :
- les déclarations et les actes,
- les bonnes intentions et les votes,
- les chiffres officiels et des statistiques d’autres sources,
- les résultats d’un Etat et ceux des voisins,
- les résultats d’une période donnée et ceux d’une période antérieure,
….
Les campagnes négatives occupent une place de plus en plus grande dans les démocraties modernes. C’est la reconnaissance qu’une élection est d’abord le refus d’un candidat plus que le vote positif en faveur de l’un des prétendants. Cette reconnaissance est loin d’être évidente puisqu’elle malmène sévèrement l’égo des candidats.
Kristi Noem qui avait annoncé à de très nombreuses reprises vouloir rester à l'écart montre qu'une campagne américaine dès qu'elle devient serrée se joue sur le terrain des campagnes négatives. Elles sont incontournables et structurent les derniers jours avant le vote.