Alexandria Ocasio-Cortez et la victoire des campagnes affinitaires
Dans une démocratie moderne, la magie électorale se produit quand un candidat ou une candidate sait créer une connexion émotionnelle : raconter une histoire que l'opinion a envie de partager. Une histoire à laquelle elle a envie de s'identifier. Dans ce cas, la puissance change de camp. C'est l'émotion individuelle qui prend le dessus.
Lors de la campagne 2008, Barack Obama a su créer cette connexion émotionnelle puis le sentiment de partage donc d’appartenance à ce qui devenait une «aventure collective». Sur des bases différentes, il en fut de même en France pour Nicolas Sarkozy pour la présidentielle 2007. Dans un contexte précis, sa victoire fut alors associée à des valeurs nouvelles d’énergie, d’individualisme, voire même d’extraversion y compris par exemple dans la phase de reconnaissance des difficultés de son couple.
Il en fut de même pour Ségolène Royal jusqu’en février 2007 où sous le coup de campagnes négatives extérieures et de maladresses intérieures, la candidate a alors cassé son rapport de fonctionnalité. Elle devenait incapable de s’identifier à des satisfactions personnelles liées à un résultat positif car les images, donc les messages, étaient devenues trop contradictoires ; donc la promesse devenait floue. Elle perdait en pertinence d’offre donc en efficacité. Mais il ne faut jamais oublier la force du lancement de sa campagne avec Désir d'avenir.
Le leadership moderne naît des campagnes affinitaires. C'est le moment où le citoyen assimile son sort à la victoire d'un candidat. C'est ce qu'a réussi à faire Alexandria Ocasio-Cortez. C'est ce qu'annonce Beto O'Rourke au Texas. Les moyens modernes de communication avec les réseaux sociaux facilitent et renforcent cette logique. Quand Beto O'Rourke adresse un mail à ses supporters vendredi avec pour début :" je suis au siège 14 C du vol American Airlines en direction de San Antonio ... Amy et les enfants vont me retrouver à ... ", c'est un style de campagne entièrement nouveau.
Lorsque cette magie d'affinité opère, la "puissance démocratique" change de bord. Elle n'est plus dans le camp de celui ou celle qui exerce le pouvoir dans dans le camp du challenger qui peut changer l'exercice du pouvoir. Un autre style de campagne est en effet en train de naître.