Alexandria Ocasio-Cortez et la fin de la course au recentrage
Depuis 2006, les Etats-Unis vivaient dans la course au recentrage pour la présidentielle. Barack Obama a été le grand vainqueur de cette logique. Mitt Romney en a été la victime puisqu'il s'éloignait d'une partie des radicaux de son parti venus du Tea Party. Cette séquence temps semble avoir vécu.
2016 a été l'alerte avec la victoire de Donald Trump chez les Républicains comme avec la percée de Bernie Sanders chez les Démocrates. 2018 est la confirmation de cette nouvelle réalité : la fin de la course au recentrage. L'actuelle période fait beaucoup penser à 1980. Le choc électoral d'alors fut tel que cette élection est devenue un sujet privilégié d’études universitaires.
Qu’en ressort-il à cette époque ?
- Les électeurs n’ont pas voté pour Reagan par souci de conservatisme. 11% d’entre eux ont voté pour Reagan parce qu’il était conservateur,
- mais seulement 37 % des électeurs de Jimmy Carter en 1976 lui sont restés fidèles en 1980,
- le climat particulier de 1980 a conduit des groupes électoraux dont les Noirs et les Hispanos à remettre fondamentalement en cause leurs soutiens classiques.
Bref, ce fut l’élection du désalignement. La personnalité de Carter a structuré en totalité les votes. Il en sera de même pour Trump en 2020. Or, quand il y a désalignement, les messages qui marquent sont les messages radicaux, les ruptures. Les ruptures doivent non seulement être fortes dans le contenu mais aussi dans l'expression car l'expression est l'habit du contenu perceptible immédiatement par chacun. 2018 ouvre une réelle période de chocs frontaux. Le "trumpisme" gagne tous les réseaux. La victoire d'Alexandria Ocasio-Cortez en est l'illustration et l'allumette compte tenu du nouveau fonctionnement en réseaux.