Deval Patrick : existe-t-il encore un espace pour la "génération Obama" ?
Aujourd'hui à San Antonio, ville importante du Texas, Deval Patrick est à 12 heures 30 l'un des orateurs vedettes d'une importante convention Démocrate. Qu'est ce qui peut faire qu'un ex Gouverneur qui a quitté la politique depuis 2015 dans un Etat perdu par le Parti Démocrate depuis cette date, reconverti dans les affaires (Bain Capital), intervienne encore lors d'une Convention de ce type ?
Le fait de ne pas avoir renoncé à une candidature en 2020 ! Deval Patrick appartient au groupe que l'équipe des "années Obama" pousse sur la ligne de 2020. Deval Patrick, c'est la génération des "années Obama". A cette époque, le vrai tournant c'est 2006 et la campagne sur Boston de ... Deval Patrick. C'est d'ailleurs très intéressant de comparer le discours de Barack Obama lors de la Convention de 2004 et ses discours de 2007. Deval Patrick introduit une véritable rupture. Chaque discours met en scène des expériences de sa vie. Dont les plus difficiles. Avec une honnêteté remarquable pour évoquer des échecs. Et des expériences personnelles, il expose les conséquences qu'il en a tirées. C'était un tournant dans la rhétorique des discours. Sa victoire (novembre 2006) montre que les Etats-Unis sont prêts à un autre discours. Parce que de tels textes deviennent très inclusifs. Et l'équipe Obama avec Jon Favreau à l'époque a immédiatement perçu le tournant qui devait être opéré.
A partir de 2007, la rhétorique de Barack Obama change. Cette rhétorique allait contribuer au succès d'Obama en 2008 car elle rompt avec les formules abstraites et rapproche le candidat des citoyens. Un vrai tournant. Sur le fond, c'est un Parti Démocrate très modéré. Très conciliant avec les milieux des affaires y compris bancaires. Peu anti-establishment, voire même pas du tout anti-establishment. Bref, sur le fond c'est la "ligne Clinton".
Or actuellement, cette ligne est sévèrement contestée et battue lors des primaires avec une indiscutable radicalisation des discours.
Sur le chemin de 2020, Barack Obama ne commet-il pas la même erreur qu'hier les Clinton quand ils imaginaient pouvoir toujours "garder la main" compte tenu d'ex collaborateurs toujours influents dans l'appareil du Parti Démocrate. Mais les militants et les électeurs regardaient déjà beaucoup vers Bernie Sanders ou Elizabeth Warren. Et c'est encore plus le cas aujourd'hui. Patrick Deval sera le marqueur d'une question de fond : existe-t-il encore un espace aujourd'hui pour la "génération Obama" ?